Devant environ 400 personnes à Mantes-la-Ville, la présidente du Rassemblement national a voulu remobiliser sa base, à huit mois des élections européennes.
« Je m’en tamponne complètement du discours qu’elle va faire. » Philippe n’en a pas l’air, à rouscailler en accrochant son badge bleu-blanc-rouge, mais il trouve Marine Le Pen « géniale, super ». « Quoi qu’elle dise, c’est plié, je suis d’accord avec elle. »
L’autoproclamé« patriote nationaliste » a même profité de son jour de repos à l’usine pour se joindre à la « fête du drapeau » organisée par le Rassemblement national (RN, ex-FN), dimanche 23 septembre, à Mantes-la-Ville. Comme il a l’habitude « que tout le monde s’en prenne à Marine », Philippe préfère prévenir :il n’en veut pas à la terre entière,« juste à l’immigration massive et aux clandestins qui viennent nous emmerder et ne rien foutre ».
« Remonté à bloc », le quinquagénaire en cuir, brosse et boucles d’oreilles fulmine contre le « fossé »qui le sépare de ceux qu’ils nomment « les Parisiens ». Entendre ceux au pouvoir. « Macron a dit qu’il nous attendait, poursuit-il. Mais moi je rigole ! On est déjà là, regardez ce qu’il se passe autour de nous. » Autour de lui, quelque 400 personnes conquises au parti d’extrême droite remplissent la salle des fêtes à l’approche du discours de Marine Le Pen.
Victimisation et élections européennes en vue
« Nous savons que parce que nous sommes des dissidents, rien ne nous sera épargné », tonne d’emblée la présidente du RN. Après un discours de rentrée très politique à Fréjus la semaine précédente, Marine Le Pen a donc choisi, dimanche, de s’adresser à ses troupes depuis une ville tenue par son parti, et de les resserrer autour d’une vieille stratégie de l’ex-FN : la victimisation.
Fustigeant « l’acharnement » et « les persécutions » d’une « dictature molle », elle a fait huer tour à tour « la partialité indigne des juges d’instruction »dans l’affaire dite des assistants parlementaires, pour laquelle elle est mise en examen pour abus de confiance, et « l’abus juridique manifeste »de son expertise psychiatrique, pourtant ordonnée parce qu’obligatoire légalement dans le cadre de son autre mise en examen, pour avoir diffusé des photos d’exactions de l’organisation Etat islamique, cette fois.
« Ne nous laissons pas intimider, ne vous laissez pas intimider », a-t-elle lancé à l’adresse d’une salle redoublant de « Marine, présidente », en profitant ainsi pour resserrer des liens quelque peu distendus depuis l’entre-deux-tours de la présidentielle. « Plus on s’attaque à elle, et plus on est là. On se sent plus soudés », résume Thierry en époussetant sa cravatte bleu-blanc-rouge ; « On est là, on la soutient, on l’aime », renchérit sa femme, Danielle Oger. Mais la militante, elle aussi tricolore de la tête aux pieds, ne cache pas avoir eu besoin d’un petit remontant après ce que son mari nomme pudiquement « le petit couac » de la présidentielle. A huit mois des européennes, « ça y est, j’y crois », se convainc celle qui n’est « pas pour » l’Europe : « De toute façon, même sans rien faire, Macron entretient nos élections. »
Marine Le Pen, elle, n’a oublié ni son désormais traditionnel clin d’œil à l’« ami » Matteo Salvini, ni de conclure son discours en répétant ne plus être seule car « notre mouvement est rejoint par toute l’Europe ». En France, en revanche, les noms des ralliés au RN se font toujours attendre.
Pire, au même moment à Paris, Nicolas Dupont-Aignan annonçait qu’il mènerait sa propre liste aux européennes, et qu’aucune personne mise en examen n’y figurerait. Au nom de l’« intégrité ».
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