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Le lancement d’une monnaie virtuelle par Pékin constitue un revirement des autorités, provoqué par le projet de Facebook, explique le correspondant du « Monde », Frédéric Lemaître, dans sa chronique.

Chronique. Mark Zuckerberg en rêvait, Xi Jinping l’a fait. Enfin, presque. La banque centrale de Chine est en train de mettre la dernière main au lancement de sa monnaie virtuelle. Pas question de laisser Facebook, interdit en Chine, développer une monnaie internationale qui empiéterait sur la souveraineté des Etats, y compris, un jour, sur celle de Pékin, expliquent les dirigeants chinois, en phase sur ce point avec le ministre de l’économie et des finances français, Bruno Le Maire.

Evidemment, dans le contexte de guerre commerciale et technologique actuel, la démarche de Pékin n’est pas qu’anti-Facebook. Elle est surtout antiaméricaine. « Maintenant, tous les regards sont tournés vers la Chine, qui est lancée dans une compétition sans précédent contre les Etats-Unis pour un meilleur avenir défini par les blockchains », se réjouissait récemment le quotidien nationaliste chinois Global Times. Ironie de l’histoire : dix ans après le lancement du bitcoin par des geeks libertariens qui voulaient contourner le contrôle des autorités monétaires, l’Etat le plus centralisé au monde prend tout le monde de court en lançant une monnaie virtuelle nationale.

Si la banque centrale de Chine travaille sur ce sujet depuis cinq ans, le discours chinois sur la question a évolué récemment. Jusqu’à présent, la Chine suivait de très près les blockchains, cette technologie de stockage et d’échange d’informations sécurisée et sans contrôle central, mais elle était très réservée sur leur principale utilisation : les monnaies virtuelles. En 2017, la Chine a d’ailleurs interdit les transactions et les levées de fonds en monnaie virtuelle. En février 2018, Alibaba, l’un des fleurons de la technologie chinoise, prenait l’engagement de ne « jamais créer une monnaie virtuelle ».

Un an et demi plus tard, l’entreprise s’apprête pourtant à être, avec UnionPay, Tencent et les quatre grandes banques publiques chinoises, l’un des sept canaux retenus par la banque centrale de Chine pour diffuser sa monnaie. Le lancement de celle-ci constitue donc un revirement des autorités chinoises, provoqué par le projet de Facebook. Jusqu’à ces dernières semaines, il n’était pas certain que cette monnaie repose sur une blockchain. D’après certains spécialistes, cette technique ultrasécurisée n’est pas assez performante pour réaliser les 300 000 transactions par seconde – objectif de la banque de Chine.


Lire la suite : « L’OPA de la Chine sur la monnaie virtuelle et la blockchain »


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