C’est la nouvelle pierre angulaire du partenariat franco-indien. Lors de la visite de trois jours d’Emmanuel Macron en Inde, du 9 au 12 mars, les deux pays ont prévu de développer leur coopération, notamment militaire, dans l’océan Indien où transite 25 % du trafic maritime mondial. Selon une source diplomatique, les deux Etats devraient signer un accord par lequel les navires indiens pourront accéder aux bases françaises de l’océan Indien, alors que New Delhi s’inquiète de l’implication grandissante de la Chine dans la zone. « Je veux que l’Inde soit l’un de nos partenaires-clés dans la région, et un partenaire crédible en termes de sécurité », a déclaré Emmanuel Macron dans un entretien avec le magazineIndia Today. Pour sa deuxième visite d’Etat en Asie, après la Chine en janvier, le président va aussi participer au premier sommet de l’Alliance solaire internationale, une coalition de 58 pays issue de la COP21 portée par l’Inde et la France, destinée à promouvoir cette énergie dans les tropiques.
L’océan Indien « que nous appelons notre maison », avait déclaré le premier ministre indien, Narendra Modi, en 2016, est « vital pour la sécurité et le progrès de l’Inde ». Dans cette « maison » habite aussi la France. Avec ses 1,7 million d’habitants sur les îles de Mayotte et de La Réunion, le quart de son espace maritime dans cet océan (11 millions de km²), elle est aussi le seul pays européen qui dispose d’une présence militaire permanente dans la région. Outre ses territoires, la France y possède deux bases militaires, à Djibouti et aux Emirats arabes unis.
Arrière-cour
Cette présence française ne suscitait pas vraiment l’intérêt de New Delhi jusqu’à l’arrivée au pouvoir, en 2014, de M. Modi. Obsédé par ses frontières terrestres, notamment en raison d’une partition sanglante née de l’indépendance, puis de sa rivalité avec le Pakistan, New Delhi en avait fini par négliger ses voisins maritimes. Le pays, bordé par 7 500 kilomètres de côtes, en compte pourtant beaucoup, qui abritent une importante diaspora indienne. Quelques mois après son élection, M. Modi avait dévoilé une doctrine résumée dans l’acronyme Sagar (« océan » en hindi) pour reprendre pied dans une région considérée par l’Inde comme son arrière-cour naturelle.
Car entre-temps, la Chine a renforcé sa présence dans la « maison » laissée à l’abandon. Elle a essaimé autour de la péninsule indienne, et le plus près possible de ses façades maritimes et des installations portuaires civiles, de Gwadar, au Pakistan, à Kyaukpyu, en Birmanie, en passant par Chittagong (Bangladesh) et Hambantota (Sri Lanka). Elle a également ouvert une base militaire à Djibouti à l’été 2017,et un de ses sous-marins a fait étape à Colombo, au Sri Lanka, à quelques kilomètres des côtes indiennes. L’Inde craint l’étranglement. Ce vaste océan qui s’étend des côtes africaines à l’Australie n’est pas stratégique que pour New Delhi : 75 % des exportations européennes y transitent, sans parler des nombreux câbles Internet sous-marins.
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