Par le

Si les différentes forces de gauche se retrouvent dans une opposition frontale à Emmanuel Macron et se veulent toutes écologistes, l’aile sociale-démocrate et l’aile radicale semble plus que jamais irréconciliables.

Editorial du « Monde ». Le fait mérite qu’on s’y arrête. Depuis vendredi 13 septembre, et jusqu’au dimanche 15 septembre, se déroule au Parc de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) la traditionnelle Fête de L’Humanité. Le quotidien communiste a beau être au bord du dépôt de bilan et le Parti communiste, un an avant de célébrer son centenaire en 2020, en quête de survie, la fête résiste à tous les vents contraires.

Chaque année des dizaines de milliers de visiteurs – ils étaient 800 000 en 2018, un record – arpentent les allées du parc et naviguent d’un concert à un débat, pour participer à un événement à la fois culturel, musical et politique. Pour le PCF, c’est une caisse de résonance qui lui permet de se faire entendre bien au-delà des militants communistes ou même des sympathisants de la CGT.

La Fête de L’Humanité est aussi un baromètre pour mesurer l’état des relations entre les différentes formations de gauche, avec ceux qui rendent une visite de courtoisie, ceux qui viennent échanger des idées et ceux qui, comme La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon en 2018, boudent. Pour le cru 2019, les augures n’étaient pas très favorables. Quatre mois après les élections européennes qui avaient vu la gauche se fragmenter gravement et six mois avant la prochaine échéance des élections municipales, il paraissait illusoire de recoller les morceaux.

« Personne, à gauche, ne peut gagner seul »

Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF qui a succédé, en novembre 2018, à Pierre Laurent, mis en minorité au congrès d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), a pourtant réussi un exploit. Dimanche, il va participer à un débat à l’intitulé quelque peu utopique – « Re-faire Révolution » – avec Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, Sandra Regol, porte-parole d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), ainsi que Clémentine Autain et Adrien Quatennens, deux députés qui portent des lignes divergentes au sein de LFI. 

Va-t-on assister aux prémices d’un nouveau rassemblement de la gauche ? Ian Brossat, porte-parole du PCF, a affirmé à juste titre (Le Monde du 14 septembre), que « personne, à gauche, ne peut gagner seul », en rappelant la dispersion mortifère des européennes. Lors du scrutin du 26 mai, les formations de gauche – LFI, PS, Génération.s de Benoît Hamon et PCF – ont totalisé 18,26 % des suffrages.

Une addition de forces lilliputiennes d’autant plus factice que plus personne ne rêve de reconstituer la « gauche plurielle » de 1997 et que Jean-Luc Mélenchon joue « le peuple » et ne parle plus d’union de la gauche. Si on rajoute le bon score d’EELV (13,47 %), on arrive à un ensemble de 31,73 %. Mais là aussi il s’agit d’un leurre, puisque Yannick Jadot ne se réclame plus de cette famille et rêve de sommets présidentiels.

Ces différentes forces se retrouvent certes dans une opposition frontale à Emmanuel Macron, quitte à déposer ensemble des motions de censure, et se veulent toutes écologistes. Elles militent, non sans peine, dans un rassemblement qui inclut la droite pour organiser un référendum contre la privatisation d’Aéroports de Paris.

Mais aux municipales, LFI et EELV veulent aller seules au combat, du moins au premier tour. Quant au PCF, il aura tout intérêt à reconduire ses alliances avec les socialistes, s’il veut sauver les quelques mairies qui lui restent. Le constat est aujourd’hui sans appel : entre son aile sociale-démocrate et son aile radicale, l’unité de la gauche est impossible.


Source : L’impossible unité de la gauche


Articles en relation

Réseaux sociaux : la fabrique de l’hostilité politique ? Image de freepik Image de freepik Réseaux sociaux : la fabrique de l’hostilité politique ? Antoine Marie, École normale supérieu..... Read Full Article