Officiellement, il ne s’agissait que « d’un retour d’expérience ». Nicolas Sarkozy a participé, mardi 6 mars, à une réunion du groupe de travail du Sénat, qui travaille sur la réforme des institutions voulue par Emmanuel Macron. Selon son entourage, la venue de l’ancien président de la République ne devait servir qu’à enrichir les propositions des sénateurs pour la révision constitutionnelle préparée actuellement par l’exécutif, en faisant « un bilan de ce qui a fonctionné ou non » dans celle de 2008, qu’il avait lui-même menée lorsqu’il était à l’Elysée.
En réalité, M. Sarkozy ne s’est pas privé de faire passer plusieurs messages à M. Macron dans son discours, en lui lançant plusieurs mises en garde. En particulier contre la menace brandie par ce dernier de recourir au référendum pour faire approuver son projet. « Le référendum et la réforme constitutionnelle, cela ne peut pas marcher », a déclaré l’ancien chef de l’Etat, qui avait lui-même choisi de faire voter le Parlement en 2008, et non pas d’utiliser le référendum.
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Du miel aux oreilles du président du Sénat, Gérard Larcher, qui avait invité M. Sarkozy à cette réunion. Engagé dans un bras de fer avec Emmanuel Macron sur son projet de réforme constitutionnelle, l’élu Les Républicains des Yvelines préférerait que l’Elysée passe par la voie parlementaire, sans organiser une consultation populaire qui aurait pour effet de contourner le Palais du Luxembourg.
Autre prise de position avancée par M. Sarkozy et allant dans le sens des préconisations de M. Larcher : « préserver » le scrutin majoritaire pour l’élection des députés, alors que l’exécutif souhaite l’introduction d’une dose de proportionnelle aux législatives.
Un « beau coup politique »
D’une manière générale, l’ancien président s’est posé en défenseur du rôle du Parlement face à un pouvoir exécutif tout puissant. « On parlait de l’omniprésident (me concernant). Apparemment, j’ai fait école », a-t-il ironisé au sujet de M. Macron. Il a aussi souligné n’avoir « jamais été un partisan de la procédure des ordonnances », quelques jours après l’annonce du gouvernement de recourir à cette procédure pour réformer la SNCF, après en avoir déjà usé pour transformer le droit du travail. Avant d’ajouter, sous les ovations des sénateurs présents : « Une démocratie forte est une démocratie équilibrée, où l’opposition a des droits. Une majorité forte doit s’accommoder d’une opposition puissante. »
Plusieurs élus présents y ont vu un « beau coup politique » réalisé par M. Larcher, qui profite de facto de l’influence de M. Sarkozy pour peser davantage dans sa négociation avec l’Elysée.
« Du fait de son expérience, Nicolas Sarkozy est le seul qui peut faire passer des messages à Macron, en lui disant ce qui est réalisable ou pas », observe le sénateur sarkozyste, Roger Karoutchi, qui était secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement au moment de la réforme de 2008.
Avant de conclure : « Si cela peut servir pour l’élaboration de la réforme constitutionnelle à venir, c’est tant mieux. »
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