Les Love dolls, ces Sextoys doués d’une âme

Erotique

Entretien avec Agnès Giard, qui a enquêté dix ans sur les love dolls, ces poupées de silicone venues du Japon qui servent à la fois de sextoys, de compagnes et de miroirs à fantasmes.

Les love dolls, ces poupées d’amour qu’on peut pénétrer, enlacer ou installer sur un siège, fascinent Agnès Giard. Anthropologue et créatrice du blog Les 400 Culs, elle vit au Japon et vient d’écrire aux Belles Lettres un passionnant ouvrage sur la question.

Sans juger, elle se demande ce qui se joue dans la relation avec ces poupées, en interviewant des fabricants et des clients. Dans un monde où on nous annonce régulièrement l’arrivée de robots qui remplaceraient les hommes, son enquête permet de comprendre un peu mieux les relations qu’on peut tisser avec des objets techniques.

Rue89 : En quoi les «  love dolls  » sont plus qu’un sextoy élaboré  ?

Agnès Giard : Comme son nom l’indique, «  poupée d’amour  », les love dolls sont des objets qui ont vocation à être une partenaire sexuelle et / ou sentimentale. Dès le départ, les concepteurs se sont placés sur le marché du sextoy, mais en impliquant l’émotionnel et l’affectif. Beaucoup d’utilisateurs se définissent d’ailleurs comme «  non-pratiquants  », c’est-à-dire qu’ils affirment entretenir uniquement des relations platoniques avec leur poupée.

Vous dites qu’il ne se vend que quelques milliers de love dolls par an, c’est très peu. Pourquoi y consacrer toute une thèse ?

Oui, il y a 13,6 millions de célibataires au Japon, mais il ne se vend que 3 000 poupées maximum par an... Mais c’est un sujet passionnant, qui croise l’amour et la sexualité, deux thèmes qui m’intéressent, avec le fait religieux et la question de l’âme.

Car la plupart de mes interlocuteurs m’ont dit d’emblée qu’ils considéraient les love dolls comme des produits animés, des véhicules possibles pour une âme. Les fabricants disent ainsi qu’ils s’efforcent de créer des formes idéales pour que l’utilisateur puisse y mettre une âme, s’il le désire.

Toute la relation avec la poupée est faite d’une double position  : d’un côté les utilisateurs savent que c’est un objet mais de l’autre ils pensent qu’elle a une forme d’âme. Les poupées sont, dites-vous, «  des boîtes de résonance  » pour nos affects. Comment ça s’opère ? Comment les clients se mettent à traiter leurs poupées comme des êtres possédant une certaine vie  ?

C’est d’abord une rhétorique marketing, qui consiste à vendre un produit comme une jeune fille à marier. Ainsi, on utilise un vocabulaire très particulier  : on ne parle pas d’achat mais de «  mariage  », on ne dit pas «  renvoi du colis à l’usine » mais «  retour à la maison natale ».

La poupée est désignée comme une «  jeune fille  » ou un «  enfant mise en nourrice  »  : un cœur à prendre, un être à protéger. Et quand le client ouvre son colis, il découvre, en surprise, une bague de fiançailles, livrée avec la poupée.

Justement, la poupée arrive chez les clients en pièces détachées. Les clients doivent la monter. Comment arrivent-ils à doter cet objet qu’ils ont assemblé d’une âme  ?

C’est un processus assez semblable à celui des statues bouddhistes. Il existe une procédure appelée «  l’ouverture des yeux  », qui se déroule dans le temple où la statue a été installée et qui est nécessaire pour qu’on considère que la statue est habitée par l’esprit de Bouddha.

C’est un peu ce que reproduisent les clients  : ils accueillent la poupée chez eux et lui ouvrent les yeux. Cela leur demande d’être actifs. Et ils racontent ce moment sur leur blogs.

Dès qu’un client achète une poupée, il crée un blog qui lui est consacré et va participer à la mise en vie et à l’animation de la poupée. Il décrit l’attente du colis puis toutes les étapes du déballage, photos à l’appui  : le carton fermé, le déballage, puis l’ouverture du carton où se trouve la tête, enveloppée de papier bulle...

Le moment de l’échange de regards avec la poupée, qui peut se faire dès que la tête sort du carton ou quand elle est ajustée au corps, est toujours décrit en termes lyriques, avec une émotion et une joie délibérément exagérées. Il faut montrer à la poupée qu’on est heureux qu’elle soit là, comme on ferait un accueil exceptionnel à quelqu’un dont on attend des bonnes choses. C’est à ce moment-là que la poupée devient vivante.

En même temps, vous dites que les utilisateurs gardent souvent la boîte de leur poupée, dans laquelle ils la renverront à l’entreprise. Dès le début, ils prévoient que sa vie est limitée...

Pour lui donner vie il faut lui donner mort. Il faut l’inscrire dans un cycle temporel et prévoir la fin possible d ’une relation. Mettre en scène ce deuil amoureux participe de l’excitation et de la puissance de la poupée. Car celle-ci présente tout de même un énorme désavantage  : elle est inerte, elle ne bouge pas. Inévitablement, au bout d’un moment on s’en fatigue. Certains arrivent à repousser l’échéance pendant 15 ou 20 ans – mais ils sont rares.

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