L'Organisation météorologique mondiale vient de publier son 25e rapport sur l'état du climat dans le monde. Ses conclusions : les impacts, tant physiques qu'économiques, du réchauffement climatique s'accélèrent. Pour Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, « il n'est plus temps de tergiverser ».
Il y a quelques jours, un rapport publié par l'Agence internationale de l'énergie faisait un constat peu rassurant : dans le monde, les émissions de CO2 liées à l’énergie ont continué d'augmenter en 2018. Et le dernier rapport en date de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) portant sur l'état du climat en 2018 n'est pas plus encourageant. Selon les experts, les niveaux record de gaz à effet de serre font grimper les températures à « des niveaux préoccupants ».
En 1993, le tout premier rapport de l'OMM notait un niveau de CO2 dans l'atmosphère de 357 parties par million (ppm). Il est passé à 405,5 ppm en 2017 et devrait encore augmenter dans les années à venir. Un état de fait qui impacte de plus en plus fortement les températures mondiales. Ainsi, 2018 a été la quatrième année la plus chaude jamais enregistrée avec des températures de 1 °C au-dessus des moyennes de la période 1850-1900.
D'autres indicateurs sont également dans le rouge. En 2018, les océans ont battu des records de chaleur, «?pulvérisant ceux déjà établis en 2017?». De quoi craindre pour la biodiversité marine. D'autant que l'acidification du milieu s'accélère aussi. Et toujours du côté des océans, le niveau de la mer a augmenté l'année dernière de 3,7 millimètres. Une hausse d'autant plus inquiétante que le rapport souligne une accélération de son rythme, la moyenne sur la période 1993-2018 s'affichant à 3,15 millimètres. Avec cette fois, essentiellement des craintes relatives aux populations qui vivent dans les zones côtières. Selon les experts, la cause est à chercher du côté des pertes de plus en plus importantes de masses glaciaires des inlandsis. Fin 2018, l'étendue des glaces de mer arctiques était proche des plus faibles jamais observées.
Lors d’une intervention sans concessions, prononcée à New York la semaine dernière, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a appelé les dirigeants du monde à venir au «?Sommet sur l’action climatique?» organisé en septembre prochain, «?avec un plan et pas avec des discours?». © PublicDomainPictures, Pixabay, Pixabay License
Des conséquences pour les Hommes
Le rapport de l'OMM dresse aussi le bilan des impacts du réchauffement climatique sur le plan humain et économique. En 2018, près de 62 millions de personnes ont été victimes d'un évènement climatique extrême. Aux États-Unis, 14 catastrophes - parmi lesquelles les ouragans Florence et Michael - ont coûté chacune plus d'un milliard de dollars. Et en Europe, au Japon et aux États-Unis, les vagues de chaleur et les feux ont été à l'origine de plus de 1.600 morts.
« Nous observons déjà que de tels évènements météorologiques extrêmes se poursuivent en 2019. Le cyclone tropical Idai a provoqué des inondations dévastatrices au Mozambique, au Zimbabwe et au Malawi. Il pourrait s'agir de l'une des catastrophes climatiques les plus meurtrières ayant touché l'hémisphère Sud », alerte le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas.
La faim dans le monde, qui semblait avoir durablement reculé, est repartie à la hausse. En 2017, ils étaient quelque 820 millions à souffrir de sous-alimentation. Notamment à cause des sécheresses liées au puissant phénomène El Niño de 2015/2016. Et ce sont plus de 2 millions de personnes qui se sont déplacées à l'intérieur de leur propre pays pour des raisons climatiques, la plupart du temps des inondations ou des sécheresses.
- Le rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) portant sur l’état du climat en 2018 montre une accélération des impacts du réchauffement climatique.
- Le rythme accru des pertes de masse glaciaire des inlandsis entraîne une accélération du rythme de l’élévation du niveau de la mer.
- La durée moyenne des vagues de chaleur s’est allongée de 0,37 jour par rapport à la période 1986-2008.
- Pour Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, « nous sommes très proches du point de non-retour ».
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