Alors que la mobilisation a décru dans les rues, 246 délégations de groupes « gilets jaunes » de toute la France étaient réunies ce week-end à Montceau-les-Mines.
La chaleur est assommante dans le grand gymnase, et le débat qui s’éternise échauffe encore plus les esprits en ce dimanche 30 juin à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). Les 650 délégués de 246 groupes locaux sont réunis pour l’assemblée des assemblées de « gilets jaunes ». Il s’agit de la troisième depuis celle de Commercy (Meuse) en janvier. On comptait alors une centaine de délégations, et une proportion notable d’habitués des luttes sociales.
Mais depuis, alors que la mobilisation a décru dans la rue, cette sorte de grande réunion nationale s’est imposée pour les contestataires toujours actifs comme l’un des rendez-vous de construction du mouvement. Attirant à Montceau-les-Mines, samedi et dimanche, des « gilets jaunes » aux profils plus divers, plus ruraux, et sans expérience militante.
Ce dimanche, la salle est divisée sur un texte de synthèse autour de la question « Doit-on et/ou peut-on sortir du capitalisme ? » élaboré la veille en groupes de travail. Et pas assez clair pour certains. « Ce n’est pas en deux fois deux heures qu’on va mettre à l’envers presque deux mille ans de capitalisme », se justifie une des auteurs de la synthèse.
« On se demande comment faire ? Mais on est où là, dans un mouvement de farfadets ou dans un mouvement révolutionnaire ? », s’emporte un autre. La salle s’embrase et scande : « Révolution, révolution. » Les animateurs proposent alors de soumettre au vote la seule question : « Doit-on sortir du capitalisme ? » La salle lève quasi unanimement un bulletin jaune en signe d’adhésion, et rugit alors d’un « Anti-anti-anti capitaliste ! » Inimaginable quelques mois plus tôt.
« Ni racistes ni homophobes »... et anticapitalistes
« Je ne crois pas que les “gilets jaunes” aient changé par rapport à qui ils étaient en novembre 2018, commentait Sand, déléguée de l’Yonne. Il y a eu une conscientisation. Je crois qu’à partir d’un constat en temps réel, sur le fait de ne pas boucler leurs fins de mois, ils ont commencé à gratter pour comprendre pourquoi tout est trop cher. A trouver les mots. Et c’est comme ça qu’on peut se dire aujourd’hui anticapitalistes. »
En janvier, au prix de discussion aussi houleuses, les délégués réunis à Commercy avaient réussi pour la première fois à s’entendre sur un appel commun affirmant leurs valeurs, et notamment qu’ils n’étaient « ni racistes ni homophobes ». C’est donc un nouveau pas dans sa définition qu’a fait dimanche ce courant du mouvement, en y ajoutant l’anticapitalisme.
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