Lors de sa réunion du 12 septembre, la BCE devrait prendre de nouvelles mesures accommodantes. Mais comme pour ses homologues, ses outils permettant de soutenir l’activité sont désormais limités.
Avant 2008, on parlait très peu d’eux et le grand public les ignorait largement. Depuis la dernière crise, tout a changé : au moindre ralentissement de l’activité, au premier coup de chaud sur les Bourses, tous les yeux se tournent vers les banquiers centraux. Les gouvernements comme les investisseurs attendent qu’ils évitent le collapse des marchés financiers, déjouent le risque déflationniste ou relancent le crédit aux ménages et aux PME. Ce qu’ils se sont efforcés de faire ces dix dernières années.
Alors que l’économie mondiale donne de nouveau des signes de faiblesse, la planète finance et politique attend encore qu’ils fassent des miracles. Aux Etats-Unis, Donald Trump invective le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, a longueur de Tweet, pour le convaincre de baisser plus rapidement ses taux directeurs, qui déterminent le loyer de l’argent. Même si, fin juillet, il les a baissés d’un quart de point (ils évoluent aujourd’hui entre 2 % et 2,25 %), ce n’est pas encore assez au goût du président américain.
En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) a signalé en juin qu’elle prendrait de nouvelles mesures le 12 septembre. Son taux directeur, déjà à zéro, ne devrait guère bouger. En revanche, elle pourrait baisser encore son taux de dépôt, actuellement à – 0,4 % : l’équivalent d’une taxe imposée sur les sommes que les banques laissent à court terme dans ses coffres. Elle pourrait également réactiver ses rachats de dettes publiques et privées (le quantitative easing, ou QE).
Une certaine lassitude
Certains économistes assurent qu’elle saura inventer de nouveaux outils en cas de besoin. Beaucoup soulignent néanmoins que, comme la plupart de ses homologues, elle a déjà utilisé une grande partie des cartouches à sa disposition pendant la dernière crise. De fait, son président Mario Draghi, qui sera remplacé début novembre par Christine Lagarde, répète le même message depuis des mois : c’est désormais aux Etats d’agir pour soutenir l’activité, en utilisant leur budget et en adoptant les réformes nécessaires pour gonfler la croissance future.
Sur tous les continents, l’on sent poindre une certaine lassitude chez les banquiers centraux. Elle s’est notamment exprimée lors du dernier symposium de la Fed, tenu à Jackson Hole (Etats-Unis) du 22 au 24 août. Tous partagent un double constat. D’abord, ils ne comprennent pas bien pourquoi ils échouent partiellement à tenir leur principal objectif : celui de maintenir l’inflation autour de 2 %, niveau jugé synonyme d’une économie en bonne santé. La théorie économique dit que lorsqu’un Etat atteint le plein-emploi, les entreprises augmentent les salaires pour attirer les candidats, et répercutent cette hausse sur leurs prix pour conserver leurs marges (c’est ce que l’on appelle la courbe de Phillips).
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