Depuis septembre 2017, au moins 48 candidats ou pré-candidats à une élection ont été assassinés. De nombreux autres ont été agressés. Le 1er juillet, les élections au Mexique entreront dans l'histoire comme les plus violentes jamais organisées.
Être candidat à une élection au Mexique équivaut "pratiquement à la peine de mort", déclarait récemment à l'AFP, Mario Alberto Chavez, lui-même en lice pour conquérir une mairie dans l'État du Guerrero, dans le sud-ouest du pays. Au total, l'institut Etellekt dénombre 48 candidats ou pré-candidats assassinés depuis septembre 2017. Si ce scrutin est le plus grand jamais organisé avec plus de 3 300 mandats locaux et fédéraux en jeu, il est également le plus sanglant de l'histoire moderne de ce pays d'Amérique du Nord.
Lundi 25 juin, une nouvelle victime s'est ajoutée à une liste déjà très longue. Emigdio López Avendaño a été victime d'une embuscade alors qu'il circulait sur une petite route dans l'État d'Oaxaca (sud). Selon El Pais, les quatre personnes qui voyageaient avec lui sont également décédées.
Le décompte officiel émanant du secrétariat de l'Intérieur dénombre, quant à lui, 34 assassinats. Il aura fallu attendre le 18 juin pour que celui-ci mette en place une protection des candidats à l'élection présidentielle, même s'ils n'en ont pas fait la demande. Jusqu'ici, seul Jose Antonio Meade, candidat du PRI et dauphin de l'actuel président Enrique Peña Nieto, bénéficiait de cette mesure.
Selon un communiqué de la Commission nationale de sécurité, seuls 214 candidats bénéficient de mesures de protection de la part des autorités locales ou régionales tandis que 12 sont directement protégés par la police fédérale.
C'est peu quand, dans le seul État du Guerrero, près de 200 personnes ont dû renoncer à leur candidature en raison de la violence, rappelle le quotidien La Jornada. Certains de leurs suppléants ont également préféré renoncer en raison des pressions du crime organisé. La violence est telle que dans certaines municipalités des États d'Oaxaca, du Guerrero, du Michoacán et de Puebla, des partis ont préféré renoncer à présenter des candidats.
Maires et candidats à la mairie parmi les plus visés
Vingt-trois des 48 assassinés depuis septembre étaient candidats à une mairie. Dernier exemple en date, le candidat aux municipales Fernando Ángeles a été tué le 21 juin par balles. Tous les agents de police de la localité ont été désarmés et arrêtés pour mener une enquête interne.
Selon une enquête publiée par Laura Y. Calderón, de l'université de San Diego, "les maires ont vingt-cinq fois plus de chances d'être assassinés qu'un citoyen moyen." Les édiles concurrencent même les journalistes en matière de taux d'homicides. Entre 2002 et 2017, au moins 150 édiles ou candidats à la mairie ont été tués, selon l'étude.
"Il y a une pénétration du crime organisé dans les plus bas échelons du pouvoir que sont les municipalités", explique David Recondo, du centre de recherches internationales de Sciences-Po, à France 24. "Il y a un véritable enjeu lié au pouvoir municipal et à la rente publique qu'il représente. Ce pouvoir représente une opportunité d'enrichissement, qui peut être illicite."
Durant la campagne électorale, les candidats de l'opposition ont été les plus visés : 75 % des agressions les concernent. Les violences touchent notamment le PRI et Morena, le parti de l'actuel favori Andres Manuel López Obrador, dans les États où ils ne gouvernent pas.
Lors de la seule année 2017, plus de 29 000 homicides ont été recensés au Mexique, ce qui en fait l'année la plus meurtrière depuis le lancement de la guerre contre la drogue en 2006. Depuis cette date, il y a eu plus de 34 000 disparus et près de 230 000 homicides.
Un article adapté par Romain Houeix. Retrouvez la version originale ici.
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