De nombreux responsables politiques ont adhéré très jeunes aux scouts catholiques, protestants ou laïques. Pour certains, c’est même leur « matrice ».
C’est une école politique bien particulière. Une école qui ne nécessite aucune formation préalable et qui ne délivre pas de diplôme. Pourtant, de nombreux responsables politiques en sont issus, comme, par exemple, les deux anciens premiers ministres socialistes Michel Rocard et Lionel Jospin. Une « ENA buissonnière », en somme. Cette école, c’est le scoutisme.
Loin des clichés entourant ce mouvement de jeunesse, plusieurs cadres politiques expliquent au Monde à quel point ce passage a été essentiel dans leur parcours. Pour beaucoup, c’est même leur « matrice », ce par quoi ils se définissent. Anciens scouts catholiques, protestants ou laïques, ils militentou ont milité au plus haut niveau à La France insoumise (LFI), au Parti socialiste (PS), chez les Verts, à l’Union pour un mouvement populaire (UMP, ancêtre des Républicains) ou encore au Rassemblement national (RN).
« J’y suis rentré à 7 ans et demi et j’ai l’impression que je n’en suis jamais parti », rigole Gabriel Amard. A 51 ans, l’ancien maire de Viry-Chatillon, dans l’Essonne, parle encore avec passion de cet engagement qui ne l’a jamais lâché, bien après son départ « officiel » du mouvement quand il avait 20 ans.
Comme souvent, son adhésion au scoutisme – chez les Eclaireurs, la branche laïque du scoutisme français –s’explique par une histoire familiale. « Il y avait une petite pression familiale. Ma mère est une catholique anticléricale, d’origine italienne. Elle avait été chez les scouts [catholiques]. Mon père était juif de naissance, franc-maçon, laïc qui avait rompu avec la religion à 13 ans. Les Eclaireurs leur correspondaient parfaitement. »
Travailler en groupe
Chez les Eclaireurs, Gabriel Amard rencontre bon nombre de militants socialistes. « Les dirigeants des Eclaireurs, notamment dans l’Essonne, étaient syndicalistes, militants politiques, raconte encore ce spécialiste des questions de l’eau. Les bénévoles de mon adolescence étaient des gens qui militaient avec Jean-Luc Mélenchon. » Un grand nombre suivra, comme lui, les pas du leader de LFI.
Quand Gabriel Amard adhère au Mouvement des jeunes socialistes en 1986 après le mouvement contre la loi Devaquet, M. Mélenchon repère ce jeune militant infatigable, qui aime travailler en groupe. Des qualités que l’intéressé attribue à son passage chez les scouts.
Son expérience entre en résonance avec celle de Jean-Luc Bennahmias. L’ancien patron des Verts qui a ensuite rejoint François Bayrou pour enfin revenir au centre gauche, n’a lui non plus jamais vraiment quitté les Scouts unionistes (protestants).
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