Le rire du père Noël, amusant ou angoissant ?
Anastasiya Fiadotava, Jagiellonian University et Anna-Sophie Jürgens, Australian National UniversityC’est reparti pour la joyeuse et festive saison de Noël avec ses clochettes, ses guirlandes et le typique « Ho ho ho ! » du père Noël. Avec les citrouilles d’Halloween et les clowns, le père Noël est l’un de nos symboles culturels les plus populaires qui soient associés au sourire et au rire. Et les représentations du rire du père Noël dans la culture populaire nous en disent long sur les pièges et les promesses de l’humour, ainsi que sur les liens pas si évidents entre l’humour et le rire.
Le rire du père Noël est souvent un rire innocent et empreint de gentillesse. Dans la comédie musicale fantastique de 1970
Le film fantastique mexicain surréaliste de 1959
Ce joyeux papy au ventre rond est peut-être un fainéant 364 jours par an, mais c’est certainement une créature inoffensive. Son rire semble indissociable de l’atmosphère festive de Noël et constitue l’un des stimuli sonores les plus importants du film. Cependant, même un père Noël aussi bon vivant ne peut s’empêcher de jouer des tours au diable et de rire de bon cœur lorsqu’il y parvient. Son rire n’est donc pas seulement un signe de bonheur, mais aussi une façon de montrer que le père Noël n’est pas aussi inoffensif qu’il n’y paraît.
Un père Noël plus sombre
Dans les histoires où le père Noël est un robot tueur rigolard (par exemple, dans l’épisode de Futurama intitulé
Dans ces films, le rire du père Noël fait écho au rire mortel du Joker et à d’autres méchants de la bande dessinée ; c’est une arme psychologique, une autre façon d’attaquer et de vaincre. Le rire est souvent accompagné d’un rictus, et le fait de montrer les dents peut facilement devenir menaçant (les sourires des citrouilles d’Halloween ressemblent souvent à des grimaces angoissantes !).
Ces monstres au rire malicieux peuvent faire surface avant Noël, ajoutant une dimension effrayante à cette fête. Le film L’étrange Noël de Monsieur Jack de Tim Burton illustre la façon dont des créatures maléfiques peuvent essayer de transformer Noël, notamment en détournant le rire du père Noël, qui est clairement reconnaissable mais qui semble d’autant plus effrayant lorsqu’il est émis par un Jack Skellington, le Roi des citrouilles. Un tel rire n’a aucun rapport avec l’humour et se rapproche plutôt du risus sardonicus.
De manière (peu) surprenante, les différentes nuances du rire du père Noël reflètent les différents rôles que le rire joue dans les sociétés humaines. Il peut représenter le plaisir et en procurer, mais il peut aussi avoir un côté plus sombre : lorsque nous rions de quelqu’un (par opposition à avec lui), nous l’excluons du groupe, l’humilions et le dénigrons. Le rire peut signaler l’accord, la gêne, la supériorité, l’agressivité – et paradoxalement, ces sentiments peuvent être mélangés dans la seule expression du rire. Il n’y a donc pas de frontière nette entre la joie et l’effroi dans nos rires.
Le père Noël, dans toutes ces versions, montre que nous savons apprécier l’ambiguïté du rire, qui en dit parfois beaucoup plus que mille mots. Le rire est étroitement lié à l’humour, mais il est encore plus étroitement lié à la complexité des relations humaines en général. Le moment et le contexte de notre rire – ou, au contraire, de notre « non rire » lorsque nous voulons montrer explicitement que nous ne sommes pas amusés – sont également d’une importance cruciale.
Gardez donc un œil sur votre père Noël ce week-end et vérifiez s’il est plutôt du genre « Ho ho ho ! » plein de bonhomie ou d’un Père Noël Joker. Et lorsque vous rirez de lui ou avec lui, pensez à ce que votre rire peut signifier pour vous et pour les gens qui vous entourent.
Anastasiya Fiadotava, Assistant professor, Institute of English studies, Jagiellonian University et Anna-Sophie Jürgens, Assistant Professor in Popular Entertainment Studies, Australian National University
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.