La diplomatie française avait déjà annoncé le 19 avril qu'elle «apporterait la preuve» que le régime de Damas était derrière l'attaque au gaz sarin du 4 avril dernier contre la localité rebelle de Khan Cheikhoun au Nord-Ouest de la Syrie, qui a fait 87 morts, dont 31 enfants. C'est chose faite alors que, ce mercredi, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a présenté les conclusions d'un rapport des services secrets français à l'issue d'un conseil de défense réuni à l'Elysée autour du président français François Hollande.
«Le recours au sarin ne fait aucun doute. La responsabilité du régime syrien ne fait pas de doute non plus, compte tenu du procédé de fabrication du sarin utilisé», a déclaré le chef de la diplomatie française. Selon un communiqué officiel de la présidence de la République, ce rapport démontre que «le régime détenait toujours des agents chimiques de guerre, en violation des engagements à les éliminer qu'il a pris en 2013». Jean-Marc Ayrault a prévenu que les auteurs «des atrocités» de Khan Cheikhoune et des autres attaques chimiques auraient à «répondre de leurs actes criminels» devant la justice.
Un gaz sarin déjà utilisé par le régime
La France conclut à la responsabilité du régime en comparant le gaz sarin utilisé avec des prélèvements d'une attaque de 2013 imputée au régime à Saraqeb, là encore dans le Nord-Ouest du pays. La France avait alors récupéré une munition non explosée et en avait analysé le contenu, selon une source diplomatique. «Nous sommes en mesure de confirmer que le sarin employé le 4 avril est le même sarin que celui qui a été employé dans une attaque intervenue à Saraqeb le 29 avril 2013», a affirmé Jean-Marc Ayrault.
Dans les deux cas, de l'hexamine, un stabilisant, a été retrouvé. «Ce procédé de fabrication est celui développé par le CERS au profit du régime syrien», selon le résumé du rapport. Le Centre de recherches et d'études scientifiques de Syrie (CERS) est dans le viseur des pays occidentaux qui accusent Damas de ne pas avoir totalement démantelé son arsenal chimique, comme il y est contraint depuis un accord russo-américain en 2013. Les États-Unis ont annoncé lundi des sanctions contre 271 scientifiques du CERS.
Le scénario d'une attaque de l'Armée de l'air syrienne confirmé
Selon Paris, l'analyse du contexte militaire permet de conclure que l'aviation du régime, en particulier un chasseur bombardier Sukhoï 22 décollant de la base de Chayrat, a effectué des frappes aériennes sur la localité le 4 avril au matin. Une telle attaque chimique a dû être approuvée au plus haut sommet de l'État syrien. Compte tenu de «l'organisation générale de la chaîne de commandement», «seuls Bachar al Assad et certains des membres les plus influents de son entourage sont habilités à donner l'ordre d'utiliser des armes chimiques», précise en effet le rapport.
Paris rejette ainsi l'hypothèse selon laquelle l'attaque aurait été menée par d'autres groupes armés. Précisant que Daech n'est pas présent dans cette région de la Syrie, les services notent que le groupe rebelle Hay'at Tahrir al-Cham né de la fusion de «plusieurs factions radicales» avec le mouvement islamiste Fatah al-Cham, qui opère dans ce secteur, ne dispose pas de la «capacité à mettre en œuvre un agent neurotoxique». «La mise en scène par l'opposition» n'est pas non plus crédible, ajoute le rapport.on.
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