L’Etat doit-il ou non exercer les options lui permettant d’acheter des actions Alstom auprès de Bouygues ? La question a beau avoir l’air très technique, elle est devenue politique.
« Il reste quinze jours pour que l’Etat rachète les actions qu’il loue à Bouygues au sein d’Alstom et qu’ensuite il fasse jouer l’option de rachat de GE Renewable », a lancé mardi 2 octobre à Grenoble l’ancien ministre, Arnaud Montebourg, devant les salariés de la filiale regroupant les activités d’Alstom et de General Electric dans les énergies renouvelables. Selon lui, en investissant 1,5 milliard d’euros, l’Etat pourrait espérer récupérer une plus-value de 380 millions d’euros.
L’ancien ministre du redressement productif connaît bien le sujet : c’est lui qui avait forcé le groupe Bouygues en 2014 à consentir à l’Etat deux options. La première (qui expire le 5 octobre) permet aux pouvoirs publics d’acquérir 20 % du capital du fabricant de trains au prix de 35 euros par action. La seconde (qui court jusqu’au 17 octobre) porte sur 15 % du capital d’Alstom pour un prix estimé à environ 32 euros l’action. Lundi 2 octobre, le cours de Bourse d’Alstom a clôturé à 35,90 euros.
« Faute politique et industrielle »Dans le cadre de l’accord avec Siemens, les pouvoirs publics se sont engagés à ne pas actionner ces instruments financiers. Une lettre dans ce sens a déjà été adressée au groupe Bouygues, selon nos informations.
Les critiques des élus, de gauche et de droite, portent sur plusieurs plans. Les uns voudraient que l’Etat conserve un pied pour peser davantage au sein de « l’Airbus du train ». D’autres dénoncent le fait que l’Etat ferait un cadeau à Bouygues en laissant le groupe de BTP bénéficier d’une éventuelle hausse du cours de Bourse. « Ne pas exercer l’option est une faute à la fois politique, industrielle et financière », attaque Boris Vallaud, député PS et ancien directeur de cabinet de M. Montebourg à Bercy.
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