Une nouvelle pierre dans le jardin des grands musées français. Après son récent discours de Ouagadougou au Burkina Faso et son avis favorable aux restitutions d'objets du patrimoine africain, en en faisant une priorité de son quinquennat, Emmanuel Macron s'est encore distingué de ses prédécesseurs lors de sa conférence de presse à Alger mercredi 6 décembre 2017. Il a en effet annoncé qu'il avait " accédé à une demande plusieurs fois réitérée par les pouvoirs publics algériens, d'avoir la restitution des crânes des martyrs algériens ". Le président de la République a précisé : " j'ai pris la décision justement de procéder à cette restitution et le texte de loi nécessaire pour ce faire sera pris ". Un nouvel épisode qui confirme le changement radical de position de l'Etat français sur le problème très ancien des restitutions – y compris de restes humains – les grandes institutions françaises et européennes s'appuyant généralement pour les contester sur " les principes juridiques d'inaliénabilité et d'imprescribilité des collections publiques ".
Des résistants algériens tués par le corps expéditionnaire français
Cette déclaration d’Alger fait suite à plusieurs requêtes d’universitaires français et algériens après la découverte en 2011 par l’historien algérien Ali Farid Belkadi de restes mortuaires entreposés dans des collections du musée de l’Homme, à Paris. Ces crânes sont ceux de résistants algériens tués en 1849 par le corps expéditionnaire français, dans le sud Constantinois, lors du siège de l’oasis de Zaâtcha, près de Biskra. Contacté, le Musée de l’Homme n’a pas pour l’instant donné suite aux sollicitations de Sciences et Avenir.
Des restitutions de cet ordre ont déjà eu lieu par le passé, mais elles n’ont jamais été volontaires, les autorités et le monde scientifique s’y étant souvent opposés. Ainsi, en 2012, c’est à la suite d’une longue bataille judiciaire que la France avait été contrainte de rendre des têtes Maoris momifiées au musée national « Te Papa » de Wellington, en Nouvelle-Zélande. Et en 2002, la dépouille de Saartjie Baartman, dite "Vénus Hottentote" avait été rendue solennellement à l’Afrique du sud, après le vote d’une loi spéciale pour sa restitution -Loi n° 2002-323 du 6 mars 2002. A Alger, le Président français a aussi poursuivi son discours en insistant pour « que des gestes réciproques soient faits qui permettent de revenir sur un passé qui pendant trop longtemps n’est pas passé ».