Le gisement de Ghawar, à l'est de l'Arabie Saoudite, représente la moitié du pétrole puisé dans le royaume. Son rendement a pourtant mystérieusement chuté selon les chiffres de la compagnie nationale Saudi Aramco révélés pour la première fois depuis 40 ans.
C'était un secret bien gardé depuis des décennies. Saudi Aramco, la compagnie pétrolière saoudienne a publié, le 1er avril dernier, ses chiffres pour la première fois depuis sa nationalisation en 1976. En vue d'une émission d'emprunt internationale, elle a compilé un document de près de 500 pages destiné aux régulateurs, aux agences de notation et aux acteurs de marché où figurent notamment ses capacités de production et ses réserves.
Une montagne de chiffres dans laquelle se trouve une surprise de taille : le champ pétrolier de Ghawar, le plus vaste du monde avec ses réserves estimées de 48,2 milliards de barils, aurait vu sa capacité maximale de production décliner à 3,8 millions de barils par jour, là où le consensus des analystes l'estimait plutôt à 5 millions. En 2017, l'Agence d'information sur l'énergie américaine, qui produit des statistiques faisant référence sur le marché, avait donné un chiffre de 5,8 millions de barils. Saudi Aramco elle-même avait indiqué, lors d'une présentation en 2004, que son gisement vedette donnait 5 millions de barils par jour et que cela « n'avait pas varié depuis au moins dix ans », rapporte l'agence de presse Reuters.
Encore 52 ans de production disponible
On se demande donc bien par quel mystère le champ de Ghawar a perdu un quart de sa productivité en 15 ans ? Le document n'indique aucune perspective pour les années à venir et la compagnie s'est refusée à tout commentaire. Ghawar constitue pourtant un avoir stratégique de l'Arabie Saoudite qui n'aurait aucun intérêt à minimiser son potentiel. Le gisement, découvert en 1948, représente la moitié de l'or noir déjà extrait dans le royaume.
L'Arabie saoudite ne risque cependant pas de manquer de pétrole : le pays disposerait de 226 milliards de barils de réserve, soit 52 ans de production à son rythme maximum, c'est-à-dire 12 millions de barils par jour. Elle dispose, par ailleurs, d'autres champs pétroliers géants comme celui de Khurais ou Safaniyah, ce dernier étant le plus grand gisement offshore du monde avec plus de 1,3 million de barils par jour. La documentation souligne également « une diminution plus faible qu'attendu » du rendement de ses 101 champs de pétrole, avec un déclin de 1 à 2 % par an, contre les 5 % suspectés par les analystes.
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