Nouveau rebondissement dans le feuilleton du Brexit au Royaume-Uni : le ministre en charge du dossier a démissionné dans la nuit de dimanche à lundi. Un revirement qui fragilise la Première ministre britannique Theresa May.
Le ministre britannique en charge du Brexit David Davis a démissionné, dimanche 8 juillet. C'est un camouflet pour la Première ministre Theresa May qui pensait avoir obtenu les coudées franches pour négocier la future relation avec l'Union européenne.
La démission intervient deux jours après une réunion de Theresa May avec ses ministres, qui avait abouti à l'annonce d'un accord sur la volonté de maintenir une relation commerciale post-Brexit étroite avec l'UE.
Mais David Davis, 69 ans, eurosceptique convaincu, a estimé dans sa lettre de démission, publiée par Downing Street, que la voie suivie ne permettrait pas de délivrer ce pour quoi les Britanniques avaient voté.
"Au mieux, nous serons dans une position de faiblesse pour négocier" avec Bruxelles, a estimé ce vieux routier de la politique britannique, qui a été secrétaire d'État aux Affaires européennes de 1994 à 1997, avant de tenter de prendre la direction du Parti conservateur en 2005, échouant face à David Cameron.
Nommé en juillet 2016
"L'intérêt national exige un ministre du Brexit qui croie fermement en votre approche, et pas seulement un conscrit réticent", a ajouté David Davis.
Sa démission a été suivie de celle des secrétaires d'État au Brexit Steve Baker et Suella Braverman, toujours selon les médias britanniques.
David Davis avait été nommé en juillet 2016 pour prendre la tête du ministère créé au lendemain du vote des Britanniques pour quitter l'UE. Cela faisait des mois que la rumeur de sa démission courait mais il s'était toujours montré loyal en public envers Theresa May.
"Son insatisfaction au sein du gouvernement n'était un secret pour personne, mais après l'accord (de vendredi) pour garder avec l'UE des liens plus étroits qu'il ne le souhaite, sa position était intenable", a estimé l'analyste politique de la BBC Laura Kuennsberg.
Le député conservateur Peter Bone a salué la décision de M. Davis, jugeant que les propositions de Mme May n'avaient de Brexit "que le nom" et n'étaient "pas acceptables".
Inquiétudes
Ces propositions prévoient de mettre en place une zone de libre-échange et un nouveau modèle douanier avec les 27, afin de maintenir un commerce "sans friction" avec le continent.
Avant de les présenter à Bruxelles, Theresa May doit les détailler, lundi 9 juillet, aux députés britanniques ainsi qu'à son Parti conservateur. Elle doit leur dire que son projet est "le bon Brexit", "le Brexit qui est dans l'intérêt national" mais la réunion s'annonce désormais houleuse, avec des députés conservateurs favorables à un Brexit dur en embuscade.
Dimanche, le ministre de l'Environnement Michael Gove, un autre eurosceptique, a défendu l'accord tout en admettant qu'il n'était pas celui qu'il espérait, mais qu'il était "réaliste".
Le député conservateur europhobe Jacob Rees-Mogg a, lui, dénoncé le "défaitisme" du gouvernement, affirmant qu'il voterait contre son plan et qu'il ne serait pas le seul.
"Il y a beaucoup d'interrogations, beaucoup de mécontentement, beaucoup d'inquiétudes", a déploré son collègue Bill Cash sur Sky News. "La question est 'Est-ce que cela permettra un véritable Brexit?'".
Rejeté par les économistes
Le monde économique a également fermement rejeté le plan, pour des raisons opposées.
Dans une lettre ouverte, le fondateur de la marque de boissons Innocent, Richard Reed, rejoint par une centaine d'entrepreneurs et dirigeants d'entreprise, dont ceux de Pret, Domino's ou Yo!Sushi, Zoopla ou Net-a-porter, ont dénoncé la proposition.
"Le coût, la complexité et la bureaucratie engendrés par la sortie de l'union douanière et l'adoption d'arrangements alternatifs sont la dernière chose dont nos entreprises ont besoin", ont-ils affirmé.
"Cela revient à une tentative, par le gouvernement, de lier les mains des entreprises britanniques", ont-ils déploré, exigeant le maintien du Royaume-Uni dans l'union douanière de l'UE.
Le groupe Philips, qui emploie 1 500 personnes au Royaume-Uni, a, lui, annoncé étudier une possible fermeture de son usine de Glemsford, dans le sud-est de l'Angleterre.
Avant Philips, les groupes Airbus, BMW ou Jaguar ont déjà mis en garde les autorités britanniques ces derniers jours sur les conséquences économiques que pourrait avoir une sortie du marché unique.
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