L'Union européenne et le Japon ont signé un accord de partenariat économique présenté par les deux camps comme un contrepoids aux tentations protectionnistes attisées par la politique du président américain Donald Trump.
L'Union européenne et le Japon ont signé mardi 17 juillet à Tokyo un ambitieux accord de libre-échange. "Aujourd'hui marque un jour historique, alors que nous célébrons la signature d'un accord commercial extrêmement ambitieux entre deux des plus grands économies du monde", ont déclaré le Premier ministre japonais Shinzo Abe et le chef de la Commission européenne Jean-Claude Juncker dans un communiqué publié à l'issue de la signature du texte.
L'accord, qui va donner naissance à la plus grande zone de libre-échange mondiale, a été entériné au moment où États-Unis et Chine semblent s'embourber dans une guerre commerciale qui risque d'entraîner le reste du monde dans son sillage.
Le message de Jean-Claude Juncker sur Twitter après la signature de l'accord
"Il y a des inquiétudes croissantes au sujet du protectionnisme, mais je souhaite que le Japon et l'UE portent le flambeau du libre-échange", a déclaré le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, pendant une conférence de presse à l'issue de la cérémonie de signature. "Nous envoyons un message clair contre le protectionnisme", a renchéri le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui s'exprimait au nom des Vingt-Huit.
Le traité de libre-échange prévoit notamment une baisse de 10 % des droits de douane imposés par l'UE aux importations de voitures japonaises et de 3 % à la plupart des pièces détachées automobiles. En retour, Tokyo supprimera des droits de douane de 30 % à 40 % sur le fromage européen et de 15 % sur le vin, tout en facilitant l'accès des entreprises européennes aux grands appels d'offres publics.
La déclaration de Donald Tusk
"Un nouvel accord climaticide"
Cet accord suscite cependant des critiques. Pour la Fondation pour la nature et l'Homme (FNH, ex-Fondation Hulot) et l'Institut Veblen, il s’agit du "plus gros accord commercial climaticide jamais signé […]. Quelques mois après l'entrée en application du CETA (signé avec le Canada), l'UE a signé un nouvel accord climaticide […] dans l'indifférence générale", se sont insurgés les deux ONG dans un communiqué.
Les deux organisations françaises s'en prennent notamment au gouvernement français, accusé de "renier ses promesses d'accords commerciaux compatibles avec l'Accord de Paris" adopté fin 2015 contre le réchauffement climatique. Plusieurs "points structurants" de cet accord baptisé Jefta (Japan-UE free trade agreement) vont contre les engagements pris contre le réchauffement, soulignent-elles.
En particulier "trois engagements clés ont été abandonnés" par Paris: "comme dans le CETA, les seuls chapitres qui ne sont pas contraignants sont ceux portant sur le développement durable" ; l'Accord de Paris en particulier a été inscrit dans ces chapitres et non dans les clauses essentielles.
Le texte doit être soumis d'ici à la fin de l'année au Parlement européen en vue d'une entrée en vigueur en 2019, si le Parlement japonais le vote lui aussi rapidement.