L'Assemblée nationale a voté dans la nuit de dimanche à lundi le principe d'une expérimentation de la vidéosurveillance dans des abattoirs volontaires pour veiller au bien-être animal. L'obligation d'équiper ces lieux de caméras a elle été rejetée.
L'Assemblée nationale a voté dans la nuit de dimanche à lundi 28 mai le principe d'une expérimentation de la vidéosurveillance dans des abattoirs volontaires pour veiller au bien-être animal, plutôt qu'une obligation.
Les députés ont voté à main levée un amendement de Loïc Dombreval (LREM) au projet de loi agriculture et alimentation en faveur de cette expérimentation de caméras aux postes de saignée et de mise à mort, pour deux ans et avec l'accord des représentants du personnel. Ces vidéos seront consultables en interne, à des fins d'autocontrôle, et par les services vétérinaires.
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a présenté la mesure comme un "compromis". "Je préfère que les inspecteurs vétérinaires accompagnent et (le cas échéant) sanctionnent plutôt que les installer derrière des écrans vidéos", a-t-il aussi lancé.
"Un rideau de fumée grotesque"
Les défenseurs des animaux ont dénoncé cette mesure jugée largement insuffisante. Cela "préserve l'opacité des abattoirs", a tweeté dans la nuit l’association L214.
L'amendement d'Olivier Falorni (non-inscrit), qui prévoyait une obligation de la vidéosurveillance, a été rejeté. Le député avait présidé en 2016 la commission d'enquête parlementaire sur les abattoirs, créée après les images chocs diffusées par l'association L214, montrant des bêtes mal étourdies ou accrochées vivantes notamment.
"Régression et reniement", a accusé sur Twitter le député, voyant dans l'expérimentation "un rideau de fumée grotesque". Olivier Falorni était parvenu à faire voter par l'Assemblée en janvier 2017 l'obligation de caméras dans les abattoirs, via sa proposition de loi sur le "respect de l'animal en abattoir" qui n'a jamais été adoptée définitivement.
Vifs échanges
Le sujet a divisé la plupart des camps. Porte-parole LREM, Aurore Bergé a ainsi estimé que "la transparence rétablit la confiance", ajoutant que "nous avons pris un engagement et nous devons nous y tenir", en référence à la promesse du candidat Macron de mettre en place cette vidéosurveillance dans les abattoirs. Au total, neuf députés LREM ont voté l'amendement Falorni.
"Est-ce qu'on veut un 'Big brother' ?", a interrogé à l'inverse leur collègue "marcheur" Nicolas Démoulin, demandant s'il faudrait également des caméras par exemple dans les établissements pour personnes âgées.
La droite s'est montrée également partagée, Éric Diard plaidant que la vidéo est un gage de "protection des salariés" mais Jean-Charles Taugourdeau évoquant un "engrenage hallucinant". Les élus MoDem se sont dits favorables à une expérimentation permettant de "poser des jalons" notamment face à une opinion publique très favorable aux caméras.
Le projet de loi prévoit par ailleurs le doublement des sanctions en cas de mauvais traitements sur les animaux (portées à un an d'emprisonnement et à 15 000 euros d'amende), et la création d'un nouveau délit visant à réprimer les mauvais traitements envers les animaux commis dans les transports et les abattoirs.
Dans chaque abattoir, une personne responsable de la protection animale devra en outre être désignée. De plus les lanceurs d'alerte parmi le personnel seront protégés, ont voté les députés.
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