Le groupe Lactalis va devoir s'expliquer vendredi face au ministre de l'Économie Bruno Le Maire, qui a dénoncé une « entreprise défaillante » après la vente de boîtes de lait infantile potentiellement contaminé à la salmonelle. L'État est monté au créneau jeudi pour dénoncer, par la voix du ministre, « des comportements inacceptables qui devront être sanctionnés », sur fond de polémique persistante sur le partage des responsabilités dans ce scandale sanitaire. Après avoir reçu jeudi soir les distributeurs coupables d'avoir vendu des produits potentiellement contaminés, M. Le Maire doit s'entretenir ce vendredi avec la direction de Lactalis, géant du lait et du fromage, piloté par la très secrète famille Besnier.
Ce vendredi, C'était au tour d'Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, d'avertir que les choses n'en resteraient pas là, mais sans désigner les responsables : « Les gens ne prennent pas suffisamment conscience du risque sanitaire dans le retrait de lots qui est totalement de la responsabilité de chacun et les gens sont exposés à des peines graves, des peines pénales, des amendes », a déclaré la ministre sur Europe 1. « Je crois qu'il y aura des suites, une enquête est ouverte et nous verrons les responsabilités de chacun. » Elle a par ailleurs assuré que les services de l'État avaient « fait leur travail » et que les alertes étaient « plus que claires ».
Ce n'est pas l'avis de Michel-Édouard Leclerc qui la veille était sorti de sa réserve devant la tempête suscitée par le rappel chaotique des produits incriminés. Il a présenté ses excuses aux parents et assuré qu'il travaillait « en parfaite collaboration avec l'État ». Mais il a aussi estimé qu'il s'agit d'une « défaillance systémique et pas seulement sectorielle », et épinglé « des services de l'État ». Leclerc avait été le premier mardi à reconnaître avoir vendu des produits issus de lots rappelés, suivi ensuite par Carrefour, Système U, Auchan et Casino. Bruno Le Maire a révélé que les contrôles avaient fait état de la présence de produits visés par le rappel également dans des pharmacies, crèches, hôpitaux et grossistes. « Ce constat vient appeler en responsabilité ceux qui avaient fustigé un peu trop vite les seules grandes surfaces », a estimé le patron des centres Leclerc.
Lactalis sur la sellette
Sur ce sujet, la ministre de la Santé a jugé que « c'est incompréhensible et c'est totalement de la responsabilité soit de ces établissements (hospitaliers), soit des pharmaciens ». Selon Agnès Buzyn, il semble y avoir 44 pharmacies « défaillantes » sur 20 000 en France. « On est en train de faire une enquête, j'ai des remontées des agences régionales de santé concernant les hôpitaux incriminés. » Avant de poursuivre : « Je crains que nous trouvions des choses étonnantes chez Lactalis », évoquant « une forme de résistance » dans les retraits de lots et notant que les trois rappels successifs avaient « compliqué le traitement » de l'information par les distributeurs.
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