Le principal suspect de l'assassinat en 2014 de la milliardaire monégasque Hélène Pastor a été condamné mercredi à la réclusion criminelle à perpétuité. Du meurtre à Nice aux aveux surprises, retour sur une affaire digne d'un polar.
Il existe des crimes parfaits et des crimes parfaitement imparfaits. L’assassinat d'Hélène Pastor relève du second. Mercredi 17 octobre, Wojciech Janowski, gendre de la milliardaire monégasque, a été reconnu coupable d'avoir commandité l'assassinat de sa belle-mère et de son chauffeur. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône.
Les faits remontent au 6 mai 2014. Hélène Pastor, richissime femme d'affaires de Monaco de 77 ans, sort d’un hôpital niçois où elle vient de rendre visite à son fils Gildo, victime d'un AVC. Elle monte à bord de son monospace noir, conduit par son chauffeur, Mohamed Darwich. Sur le parking, le véhicule est la cible d’une série de tirs. Les agresseurs visent à bout portant les deux passagers avec un fusil de chasse. Le conducteur décède des suites de ses blessures quatre jours plus tard. Hélène Pastor meurt, elle, dans la nuit du 20 au 21 mai 2014.
Des erreurs de débutant
Une enquête est ouverte et les inspecteurs retrouvent facilement la piste des deux auteurs de l’assassinat qui ont opéré à visage découvert… sous l’objectif des caméras de surveillance. Deux jeunes Comoriens issus des quartiers populaires de Marseille sont rapidement identifiés et appréhendés par la police, grâce à leurs téléphones portables et des traces ADN laissées dans leur sillage. Lors de leur garde à vue, le tueur présumé, Samine Saïd Ahmed, et le guetteur, Alhair Hamadi, avouent facilement avoir été engagés par Wojciech Janowski, le compagnon de Sylvia Pastor, la fille de la milliardaire.
Janowski est à son tour mis en garde à vue et avoue avoir commandité le meurtre lors de sa sixième audition en garde à vue le 26 juin 2014, avant de se rétracter. Il attribue son revirement à sa mauvaise maîtrise du français et prétend que les inspecteurs lui ont extorqué ses aveux. L’homme, ancien consul honoraire de Pologne à Monaco, a pourtant un mobile évident pour les enquêteurs : il nourrit une profonde haine pour sa belle-mère et connaît d’importantes difficultés financières.
L'enquête se poursuit à l'été 2014 et le coach sportif du couple Janowski, Pascal Dauriac, avoue à son tour en garde à vue avoir organisé l’assassinat et recruté les deux hommes chargés du guet-apens pour la somme de 140 000 euros. Il précise que Janowski avait l’intention de faire tuer Gildo, le fils cadet de Madame Pastor, imaginant "un tir lointain".
Coup de théâtre au procès
Le procès s’ouvre le 17 septembre 2018. Pendant cinq semaines, Janowski ne cesse de clamer son innocence, jusqu’au coup de théâtre de l’audience du mardi 16 octobre. Fait rare, lors de sa plaidoirie, son avocat, Éric Dupond-Moretti, reconnaît la culpabilité de son client. "Ces mots que vous attendiez de lui sortent de ma bouche. Ces mots, il a tenté de les exprimer, il a voulu s'exprimer, mais n'a pas été cru, il s'est vu opposer tout au long de la procédure un mépris permanent, un mépris de classe", lance Me Dupond-Moretti, assurant que la commanditaire du meurtre n'a agi que dans l'intérêt de sa femme, pour la protéger des brimades récurrentes de sa mère.
Le ténor du barreau demande aux jurés l’acquittement pour l’assassinat de son chauffeur, Mohamed Darwich. Mais au dernier jour du procès, Wojciech Janowski est reconnu coupable des deux assassinats. Le tireur et le guetteur et recruteur sont, comme le commanditaire, condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité. Le coach sportif écope quant à lui d’une peine de 30 ans de réclusion.
Gildo Pallanca-Pastor, le fils d’Hélène Pastor, se dit satisfait du verdict. "C’est une condamnation exemplaire. J’ai toujours été certain de la culpabilité de Wojciech Janowski. Le jury n’a pas été dupe de son ultime manipulation, ses aveux de dernière minute, une ultime tentative pour se soustraire à ses responsabilités."
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