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La créatrice de mode libre et insolente, icône de Saint-Germain, est morte jeudi à l’âge de 86 ans, a annoncé sa famille à l’AFP. Elle avait ouvert sa maison en 1968.

be noire absolue sous une chevelure rousse incendiaire, la silhouette de Sonia Rykiel manquera à Saint-Germain-des-Prés, où elle avait établi sa maison de couture. Quintessence de la femme française et de l’esprit rive gauche, la créatrice de mode qui prétendait avoir saupoudré la Tour Eiffel de strass, est morte le 25 août 2016, à l’âge de 86 ans.

Sonia Rykiel avait traversé quarante ans de mode en dessinant pour « la femme-plaisir, la femme-travail, la femme-pouvoir et la femme-désir » des vêtements à l’élégance sexy et nonchalante, pimentés d’humour. Ses défilés avec des mannequins souriant se prenant par la taille détonnaient dans l’univers souvent distancié et froid de la mode. Ils ressemblaient à une fête donnée par « une ribambelle de sœurs, avec quelque chose de très joyeux, et cela reflète sa vie », avait relevé son amie, la photographe Dominique Isserman dans le magazine Elle.

Tricots et rayures comme marque de fabrique

La vie de Sonia Flis, née le 25 mai 1930 dans une famille bourgeoise russo-roumaine, à Paris, aurait pu ressembler à un long fleuve tranquille. Aînée de cinq filles, elle joue d’abord le rôle du garçon manqué puis celui de petite mère. Jeune fille, sa seule ambition était, dira-t-elle, d’avoir dix enfants. Mariée en 1956 à Sam Rykiel, notamment propriétaire d’une boutique de mode (« Laura », près de la porte d’Orléans, à Paris), elle donne naissance à Nathalie en 1956 et Jean-Philippe, en 1961. Mais Sonia Rykiel va épouser plus sûrement les années 1960 et l’esprit de Saint-Germain-des-Près, libertaire et poétique.

En 1962, alors qu’elle tient la boutique de son époux, elle se fait tricoter un petit pull moulant qu’elle porte en version étriquée, sur sa peau nue. Une amie, journaliste de mode, s’empare du modèle et publie en couverture de Elle la photo du « poor boy sweater ». En quelques mois, Sonia Rykiel devient la reine du tricot, qu’elle a réinventé sans avoir jamais appris à manier des aiguilles. « Peut-être que j’avais du talent ? », s’est-elle souvent interrogée.

Le 5 mai 1968, la jeune femme divorcée ouvre sa propre boutique, rue de Grenelle, où elle vend les robes qu’elle a dessinées pour de futures mamans. Sur ses pulls, elle écrit les mots «Heureuse », « Sensuelle », « Mode », « Lui »... Ses créations libres et insolentes pour l’époque, séduisent des femmes aussi émancipées qu’elle, telle Catherine Deneuve, Jacqueline Onassis ou Lauren Bacall. Les tricots, les rayures, les jupes sans ourlet, les coutures apparentes vont devenir sa marque de fabrique, ainsi que le velours et les strass. « Comme je ne savais pas car je n’ai jamais appris, j’ai fait autrement, j’ai fait à ma manière : pas d’ourlets, des pulls à l’envers, pas de doublure, des superpositions… 

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