La cession de sa filiale d’autocars longue distance permet au groupe public ferroviaire d’entrer au capital du leader européen du covoiturage.
Nouveau départ ou simple lâchage ? La SNCF et Blablacar ont annoncé, lundi 12 novembre, être entrés en négociations exclusives en vue de la cession de Ouibus, la filiale d’autocars longue distance du groupe public ferroviaire, au leader européen du covoiturage. Dans le même temps, la SNCF a pris part à une augmentation de capital de Blablacar d’un montant total de 101 millions d’euros. Le groupe dirigé par Guillaume Pepy entre, par conséquent, au capital de l’entreprise de covoiturage mais à un niveau « très minoritaire »,selon Nicolas Brusson, directeur général et l’un des cofondateurs de Blablacar. La SNCF disposera d’un siège – et non d’un poste d’administrateur – au conseil de son nouvel allié.
Une page se tourne donc dans l’aventure française des cars Macron, ces services de transports par autocar sur longue distance libéralisés en 2015 par le ministre de l’économie d’alors, un certain Emmanuel Macron. L’un des leaders du secteur (55 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017 et environ 40 % de parts de marché) quitte le giron de la SNCF pour celui de Blablacar, fleuron français de cette nouvelle économie dite de plate-forme, où le savoir-faire est essentiellement numérique et dans laquelle tout l’art consiste à faire porter le risque opérationnel à des prestataires ou même parfois à ses clients.
Deux façons de voir ce chambardement
Il y a deux façons de voir ce coup à plusieurs bandes. La première correspond au message officiel résumé dans le communiqué annonçant la nouvelle : la création d’une alliance stratégique gagnant-gagnant pour les deux parties. Du point de vue de la SNCF, l’opération est destinée à développer la multimodalité de son offre puisque Blablacar va intégrer pleinement le site d’e-commerce de la SNCF, Oui.sncf. Le géant du ferroviaire pourra ainsi proposer dès 2019 à ses clients des combinaisons train+bus ou bus+covoiturage ou train+covoiturage. Le but ultime, étant d’arriver à construire, à l’été 2019, un assistant numérique personnel de mobilité capable d’offrir à chacun une offre de déplacement sur mesure et de porte à porte.
Pour Blablacar, ce « deal » accélère et diversifie son développement. « Nous avons expérimenté avec succès une offre d’autocars pendant les grèves du printemps, explique M. Brusson. Au Brésil, en Russie, nous avons déjà noué des partenariats avec des autocaristes. Notre ambition est d’aller au-delà du covoiturage, d’être un acteur global. »
Lire la suite : La SNCF tire un trait sur les cars Macron