Le miel français est en crise et l'année sera «catastrophique» alertent les apiculteurs. Plus mauvaise encore que l'an passé pourtant considérée comme la pire année de l'apiculture français avec moins de 9.000 tonnes du précieux nectar recueillis dans l'Hexagone. En seulement 20 ans, la production de miel a été divisée par trois.
La crise a été accélérée cette année par une météo dévastatrice pour les ouvrières du miel. «Les gelées tardives, les périodes de canicule qui brûlent les fleurs, les périodes de vent du nord (ont été) défavorables aux abeilles», explique Henri Clément secrétaire général et porte-parole de l'Union nationale de l'apiculture française. «Les apiculteurs ont énormément souffert de ces conditions météorologiques qui se sont ajoutées aux problèmes récurrents de l'apiculture française», a ajouté le représentant des apiculteurs en France. Les abeilles sont victimes des «pesticides, du manque de biodiversité, du frelon asiatique et aujourd'hui du changement climatique», martèle l'Union nationale de l'apiculture française.
La filière interpelle Hulot
Les pesticides sont particulièrement pointés du doigt par la profession. Ces produits sont, pour partie, responsables de l'effondrement des populations d'insectes. Si cinq pesticides néonicotinoïdes seront interdits en France à partir de 2020, une sixième famille de produits pourraient faire son entrée sur le marché. Les apiculteurs dénoncent en effet l'autorisation de mise sur le marché qui vient d'être accordée par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) à deux produits phytosanitaires à base de sulfoxaflor, une famille de pesticides dits «tueurs d'abeilles». D'autant que, les effets nocifs sur la santé humaine inquiètent, au même titre que le glyphosate - la substance de l'herbicide Roundup.
En pleine négociation des Etats généraux de l'alimentation sur le volet environnemental, la nouvelle tombe comme un couperet. Gilles Lanio, président de l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf), fulmine. «Dès qu'on a appris l'autorisation de mise sur le marché de l'Anses, on a contacté le cabinet de Hulot, raconte-t-il à Libération. Ils sont franchement embarrassés, apparemment eux aussi se seraient fait surprendre». La filière interpelle ainsi le ministre de la Transition écologique et demande l'interdiction de ce produit.
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