Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, jeudi, au sujet de travaux présumés illégaux effectués par la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, alors qu'elle dirigeait les éditions Actes Sud.
Déjà critiquée pour son bilan à la tête du ministère de la Culture, Françoise Nyssen se retrouve dans la tourmente après l'ouverture, jeudi 23 août, d'une enquête sur des travaux présumés illégaux menés lorsqu'elle dirigeait les éditions Actes Sud.
Deux mois après avoir été épinglée par le Canard enchaîné pour l'agrandissement non autorisé du siège d'Actes Sud à Arles, avant son entrée au gouvernement en 2017, la ministre est mise en cause dans une affaire similaire, cette fois dans la capitale française, qui fragilise encore plus sa position au sein du gouvernement d'Édouard Philippe.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour déterminer si les travaux d'agrandissement des bureaux parisiens d'Actes Sud en 1997 et à partir de 2012 respectaient le code de l'urbanisme.
Le Canard enchaîné avait révélé, le 22 août, que celle qui était la patronne d'Actes Sud avait à l'époque augmenté de 150 m2 la surface des locaux de la maison d'édition à Paris "sans autorisation de travaux ni déclaration au fisc".
L’exemplarité version Macron moquée par l’opposition
En pleine rentrée gouvernementale, les détracteurs du président de la République se sont saisis de l'affaire, des représentants de La France Insoumise (LFI) et des Républicains ironisant sur "l'exemplarité" prônée par l'exécutif.
"#Benalla, #Kohler, et maintenant #Nyssen. Les amis du président sont-ils au-dessus de la loi?? La loi est-elle encore la même pour tous en #Macronie?", a tweeté Bastien Lachaud, député LFI.
"#NouveauMonde La #Macronie s'estime au-dessus des lois ou relever d'une autre loi celle des #passe-droit qu'elle s'accorde #Goulard #Bayrou #Penicaud #Buzin #Benalla #Kholer #Schiappa... aujourd'hui #Nyssen #RepubliqueIrreprochable? Ou privilèges de courtisans? #AncienRégime !", s'est indignée de son côté Valérie Boyer, secrétaire générale adjointe du parti Les Républicains.
Interrogé mercredi, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a rappelé que lorsqu'un ministre était mis en examen, il devait quitter le gouvernement.
Françoise Nyssen se tient "à la disposition du parquet"
Après les révélations du Canard enchaîné, Actes Sud a annoncé qu'elle allait entreprendre "les démarches qui s'avèreraient nécessaires" pour régulariser la situation de ses bureaux. Jeudi, la maison d'édition a précisé dans un communiqué qu'elle "apporterait tous les éléments d'explication nécessaires au bon déroulement de l'enquête".
"Je ne doute pas qu'Actes Sud aura à cœur de faire toute la lumière dans le cadre de cette enquête", a réagi de son côté la ministre dans une déclaration à l'AFP. "Pour ma part, je me tiendrai évidemment à la disposition du parquet si je peux être d'un quelconque concours pour le bon déroulement de l'enquête", a-t-elle ajouté.
Françoise Nyssen avait auparavant affirmé à l'AFP, après 24 heures de silence, qu'"aucune entreprise n'était au-dessus des lois" et que "la mise en conformité par Actes Sud était une évidence". Et de rappeler son attachement "à la préservation du patrimoine".
Peu avant l'ouverture de l'enquête, une association de défense du patrimoine, Sites & Monuments, a annoncé qu'elle allait déposer plainte contre la ministre. L'association accuse Françoise Nyssen de s'être "affranchie des règles du droit du patrimoine et de l'urbanisme".
Françoise Nyssen a dirigé à partir du début des années 1980 les éditions Actes Sud, fondées à Arles en 1978 par son père Hubert Nyssen (1925-2011), et en a fait l'un des fleurons de l'édition française. En arrivant au gouvernement, la ministre avait laissé à son mari, Jean-Paul Capitani, les rênes d'Actes Sud.
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