Pour battre Anne Hidalgo, la sarkozyste multiplie interventions publiques et déplacements, sachant qu’elle ne peut rester cantonnée dans le bourgeois 7e arrondissement.
Quand Rachida Dati s’engouffre dans sa boutique de la rue des Rosiers, Irène Korcarz pousse un cri du cœur : « Madame Dati, s’il vous plaît, on n’en peut plus, libérez-nous ! » La boulangère s’arrête de servir strudels et bagels pour expliquer ses malheurs. « On n’en peut plus des stationnements interdits, des livraisons impossibles, des contraventions. J’en reçois quinze par semaine. Vous voulez les voir ? »
L’ancienne ministre de la justice jette un œil sur la pile, derrière la caisse. « Moi, à 68 ans, je ne vais pas me mettre à la trottinette, ajoute la commerçante. Alors je demande le Grand Paris. Comme ça, même si j’habite à Fontenay, je pourrai voter pour vous ! » En attendant, elle lui offre un gâteau au fromage, et l’embrasse. « Pas la peine de chercher loin pour inventer un projet pour Paris, conclut la visiteuse en sortant. Il suffit d’écouter les Parisiens… »
Ce vendredi d’avril, Rachida Dati est en campagne à travers le Marais, en plein cœur de la capitale. Une terre de conquête pour le parti Les Républicains (LR) : le maire d’arrondissement est socialiste, et, lors des législatives de 2017, La République en marche (LRM) a réalisé sur place son meilleur score parisien. Si elle veut détrôner Anne Hidalgo en 2020, cette sarkozyste pur sucre sait qu’elle ne peut rester cantonnée dans le 7e arrondissement, le fief bourgeois dont elle est maire.
Lot de controverses
Depuis qu’elle a renoncé, début mars, à se représenter aux élections européennes et déclaré ses ambitions pour l’Hôtel de ville, elle multiplie les interventions publiques et les déplacements. En particulier dans les quartiers les moins acquis à la droite. Objectif immédiat : devenir incontournable, notamment dans les sondages, afin d’obtenir l’investiture de son parti.
Une bénédiction pas encore acquise. A 53 ans, l’ex-garde des sceaux est certes beaucoup plus connue que les deux autres candidats LR sur les rangs – le maire du 6e Jean-Pierre Lecoq et l’élue du 14e Marie-Claire Carrère-Gée. Elle est aussi en phase avec la ligne droitière du patron de LR de Laurent Wauquiez, et séduit à la fois les petits commerçants, les mécontents d’Anne Hidalgo et tous ceux qui admirent l’ascension de cette fille d’un maçon marocain. « C’est une femme issue d’une famille nombreuse, populaire, qui se bat, je dis bravo ! », s’exclame Myriam Nahmani, une militante LR, jeune retraitée.
Lire la suite : La machine Dati à la conquête de Paris