Entre Palestiniens et Israéliens, peu de sujets sont aussi antagonistes que la mémoire de la guerre des Six-Jours, en juin 1967. Ce que les premiers pleurent, les seconds le fêtent. Ce que les uns nomment « occupation », les autres le qualifient de « libération ». La victoire éclatante du jeune Etat hébreu, auquel rien ne semblait résister en ces quelques jours qui modifièrent son destin et portèrent un coup fatal au nationalisme arabe, ouvrit la voie au régime d’occupation, dont on commémore le cinquantième anniversaire.
A compter de 1967, Israël prit le contrôle de l’intégralité de Jérusalem et installa un système militaire en Cisjordanie, dans lequel a prospéré la colonisation avec le soutien des gouvernements successifs.
La guerre éclair
L’escalade vers le conflit régional se produit au cours du mois de mai 1967. En imposant la fermeture du détroit de Tiran (entre le golfe d’Aqaba et la mer Rouge), l’Egypte bloque la voie d’accès au port israélien d’Eilat. Auparavant, Nasser ordonne à ses hommes de réoccuper le Sinaï, zone démilitarisée depuis dix ans, et exige le départ de la force internationale qui y est déployée.
Une euphorie anti-israélienne gagne vite le monde arabe. Le chef d’état-major israélien, le général Yitzhak Rabin (futur premier ministre), explique au conseil des ministres que le pays n’a pas le choix : il faut attaquer sans attendre, pour ne pas être balayé. Le premier ministre, Levi Eshkol, qui cherchait à s’assurer d’un soutien international, se laisse convaincre.
La supériorité militaire, la finesse stratégique, la rétention d’informations afin de tromper l’ennemi, la qualité du renseignement technique et humain : tout cela explique comment une guerre peu désirée se transforme en triomphe. Le Sinaï, la Cisjordanie, Jérusalem-Est, la bande de Gaza et le plateau du Golan sont conquis.
Le 5 juin, l’Etat hébreu lance une offensive terrestre et aérienne contre l’Egypte, dans le Sinaï. Les forces jordaniennes entrent dans le conflit et bombardent Jérusalem-Ouest, croyant que les Israéliens plieraient face à la puissance du grand voisin arabe, au sud. Il n’en est rien : les trois quarts de l’aviation égyptienne sont détruits lors d’une attaque surprise à l’aube. Le 6 juin, l’armée israélienne encercle Jérusalem-Est, avant de pénétrer dans la vieille ville le lendemain, avec une facilité déconcertante.
La seule bataille véritable contre les soldats jordaniens a lieu sur la colline des Munitions. L’armée s’empare aussi de la Cisjordanie et avance jusqu’au Jourdain, puis elle prend le plateau du Golan à la Syrie, au nord, après une seule journée de combats lourds. Les Syriens fuient, abandonnant une grande partie de leurs équipements. Le 10 juin, à 18 heures, un cessez-le-feu général est proclamé. La victoire israélienne est totale, les gains de territoire spectaculaires, les pertes humaines faibles (environ 800 hommes) par rapport à celles des pays arabes (20 000). « L’occupation repose sur trois pieds : le pistolet, la colonie et la loi »
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