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L’économiste Jean Matouk pourfend dans une tribune au « Monde » le mythe d’un poids de l’impôt comparativement plus élevé en France que dans les autres pays de l’OCDE.

Tribune. Ceux qui ont voté pour Emmanuel Macron l’ont fait pour qu’il donne un coup de jeunesse à notre modèle économique et social. Que, d’abord, il poursuive à la présidence ce qu’avait entrepris François Hollande suivant ses conseils, à savoir une politique pro-entreprise, avec allègement des charges sociales et de la fiscalité sur les entreprises, dégagement de financements en leur faveur, effort massif pour la recherche-développement. Ceci n’est pas une option « de droite », comme trop de commentaires tendent à le faire accroire, mais de simple bon sens. Qu’ensuite, il amorce assez profondément une politique d’équilibre des budgets publics et de réduction de la dette des administrations, sans détruire notre modèle social.

C’est, en gros, ce qu’il a mis en œuvre pendant ses premiers dix-huit mois de présidence.

Mais voici qu’à la suite d’une révolte fiscale dont la France est coutumière depuis Etienne Marcel (vers 1310-1358), révolte qui s’est perpétuée cinq mois durant avec violences, sous la sourde pression des partis de deux perdants de l’élection présidentielle, voici qu’après s’être engagé dans une écoute assez remarquable de ceux des élus et citoyens qui ont accepté de donner leur avis, cette séquence se résumerait en un objectif principal : baisser les impôts.

Or cet objectif, énoncé aussi généralement, conduit le gouvernement dans une impasse vis-à-vis de l’équilibre des finances publiques. Car baisser les impôts exigerait de baisser aussi les dépenses, ce qu’il n’aura pas le temps de faire, d’autant que les mêmes « révoltés » ont aussi souhaité le maintien des services publics de proximité.

Edouard Philippe atteint de « Fillonisme »

Mais surtout, cet objectif n’est aucunement justifié. Si on se réfère aux statistiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), il apparaît clairement qu’en matière d’impôts au sens propre du terme, la France est dans la moyenne des autres pays européens.

Pour être précis, le total des impôts sur le revenu (IRPP), sur les bénéfices des sociétés, sur les salaires et les patrimoines, et sur les biens et services (TVA) représente 35,63 % du total des prélèvements obligatoires - un pays fait moins (la Pologne, 20%), six pays un résultat proche (entre 32 et 39%), quatre pays trois à quatre points de plus. L’IRPP à lui seul représente 18,53% des prélèvements, le second plus bas d’Europe. Le solde pour arriver au total des prélèvements - qui représentent 46% du PIB, le taux le plus élevé d’Europe - , ce sont en fait les cotisations sociales, qui financent nos assurances maladie, retraite et chômage. Certes, des économies sont possibles dans ces domaines, mais elles sont faibles, peu populaires et, surtout, la dette déjà accumulée par la « Sécu » a atteint la somme énorme de 260 milliards d’euros.


Lire la suite : Jean Matouk : « Baisser les impôts : un objectif aucunement justifié ! »


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