La présidente Isabelle Prévost-Desprez a dû suspendre l'audience en fin d'après-midi à cause d'une vive altercation entre les prévenus dans le box, Jawad Bendaoud et Mohamed Soumah, qui avaient un différend sur un élément du dossier. Mais le procès a repris environ 30 minutes plus tard en leur présence. « Je devais toucher 150 euros. Mais, même avec trois zéros, pour 150 000, je n'aurais pas hébergé des terroristes », a déclaré Jawad Bendaoud à la 16e chambre du tribunal correctionnel. « Je préfère prendre six ans et que la vérité soit faite plutôt qu'être relaxé et toujours être pris pour un menteur, être interrogé dans la rue », a-t-il dit.
« Une scolarité laborieuse »
Jugé pour « recel de malfaiteurs terroristes », ce délinquant multirécidiviste encourt six ans de prison. Le tribunal s'est intéressé lundi à la personnalité des prévenus. Jawad Bendaoud est le troisième de cinq enfants. Sa famille est originaire du Maroc ; son père a été restaurateur et formateur en bâtiment et sa mère, assistante maternelle. « Tous mes frères ont bien réussi », a-t-il expliqué. L'aîné est mécanicien pour Airbus, un autre gère une boutique d'antiquité.
Le prévenu a eu « une scolarité laborieuse », selon l'étude de personnalité. À 20 ans, il est entré dans une spirale carcérale. Il ne souffre, selon les experts, d'aucune pathologie psychiatrique, mais présente « une intolérance à la frustration ».
Un nouveau show Jawad
Mohamed Soumah, 28 ans, également jugé pour « recel de malfaiteurs » pour son rôle d'intermédiaire, est entré en prison pour la première fois à 16 ans. « C'est un cercle vicieux. Il faut en sortir », a-t-il dit à la présidente. Il a évoqué ses relations avec ses frères et sœurs. « Moi, j'avance à gauche. Mon petit frère et ma petite sœur, j'aimerais qu'ils avancent à droite. » Et la présidente de répondre, en souriant : « Je préférerais tout droit ! »
Jawad Bendaoud n'a pas raté l'occasion de faire son show, notamment en décrivant sa détention, à l'isolement, et sa rencontre à Fresnes avec un rat. « Je le regarde. Il me regarde. Je lui donne du fromage. Il se met debout. (...) Avec sa petite patte, il fait genre : File-moi le fromage. »
Le procès reprendra mardi avec l'audition de parties civiles.
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