Google a décidément une obsession pour les gourmandises sucrées et la réduction du poids des images. Guetzli, nom de baptême donné par l'équipe suisse en charge du projet, est à la fois le nom d'un biscuit suisse à base de noisettes, d'amandes et de cacao et, en ce qui nous concerne aujourd'hui, celui d'un algorithme capable de générer des fichiers JPEG 35 % plus légers par rapport aux méthodes actuellement utilisées, et ce sans dégradation visible de la qualité.
35 %, soit un peu plus d'un tiers... À l'échelle d'un individu, cela signifie que votre bibliothèque d'images qui nécessite 3 To de stockage tiendrait sur seulement 2 To. Ou, en voyant le problème dans l'autre sens, cela signifie que sur un espace de stockage donné vous pouvez faire tenir 50 % de fichiers en plus. Alors, imaginez, à l'échelle de Google, qui est le plus grand pourvoyeur mondial d'images en tous genres, des GIF de bébés chats aux clichés satellites de Google Earth... Depuis quelque temps déjà, Google multiplie les efforts pour alléger le poids des images qui, précise l'équipe suisse de Google en charge du projet Guetzli, représentent en moyenne la moitié du poids d'une page web. Nous vous parlions récemment de cet algorithme de Google Brain, basé sur du machine learning, capable de reconstituer des pixels à partir d'images basse définition. Guetzli, de son côté, opère de manière différente et a pour ambition de remplacer, à terme, les algorithmes de compression JPEG actuellement utilisés.
Pour bien comprendre, revenons un peu arrière et rappelons le fonctionnement de la compression JPEG. Plus précisément, il s'agit d'une méthode de compression destructrice : une partie des informations est supprimée en cours de route. Parmi ces pertes, certaines sont acceptables, d'autres non. Dans le premier cas, ce sont des phénomènes psychovisuels qui sont exploités. Du fait de la constitution de l'œil humain, avec ses cônes et ses bâtonnets, une grande partie des rayonnements électromagnétiques au-delà du rouge et en dessous du bleu nous sont invisibles — du moins pour l'écrasante majorité d'entre nous. Du coup, pourquoi s'encombrer d'informations inutiles ? Hop, sur le principe du "ce que nous ignorons ne peut pas nous nuire" : à la trappe. Le second groupe est un peu plus délicat, car il s'agit des informations qui auraient pu être perceptibles et utiles, mais dont l'algorithme juge que la suppression ne sera pas trop gênante. Tout le défi pour les divers algorithmes consiste donc à trier le bon grain de l'ivraie sans que cela n'impacte trop le résultat final.
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