Coup d'envoi de trois mois de galère pour les usagers de la SNCF… Dès lundi 19h, les cheminots - à l'appel de la CGT, l'Unsa et la CFDT - entament une grève «inédite» qui s'étendra jusqu'au 28 juin. Pendant trois mois, les employés de la SNCF sont ainsi appelés à cesser de travailler deux jours sur cinq pour tenter de faire plier l'exécutif sur sa réforme du secteur ferroviaire. En tout temps, les gouvernements se sont cassés les dents sur ce monument françaos quasi-sacré et ont vu descendre dans les rues des cheminots par milliers. Ainsi, en dix ans, la SNCF a comptabilisé plus de 2,4 millions de journées perdues en raison de différents mouvements sociaux. Sous le terme de «journée perdue» on entend le nombre de jours non travaillés des agents en équivalent temps plein, pour cause de mouvement social.
«Statistiquement, les cheminots font sans doute plus grève que d'autres professions. En revanche, dans le passé, ils étaient loin d'être les plus grands acteurs des mouvements sociaux. On retrouvait plutôt des travailleurs du bâtiment, des mines ou de la métallurgie. Au fil des années, la pratique de la grève dans le privé a considérablement diminué», explique au Figaro, Michel Pigenet, professeur d'histoire contemporaine à la Sorbonne et co-auteur du livre Histoire des mouvements sociaux en France de 1814 à nos jours. En moyenne, depuis 1980, les agents de la SNCF passent 1,18 journée, chaque année, à manifester ou à faire grève. Entre 2007 et aujourd'hui, ce chiffre monte à 1,5 journée non travaillée par an et par personne pour cause de mouvements sociaux.
Sur les dix dernières années, l'épisode de 2010 - marqué par deux mouvements sociaux majeurs - est celui qui a eu le plus d'ampleur. Selon les données fournies par la SNCF, 572.164 journées avaient alors été «perdues». Cette année-là, la CGT et Sud-Rail avaient lancé un appel à la grève au mois d'avril pour réclamer des réponses à la direction sur le projet de réorganisation des effectifs et sur l'avenir du fret. Le mouvement avait duré 15 jours. À la mi-octobre, les cheminots avaient retrouvé les pavés une seconde fois pour 18 jours de grève reconductible afin de manifester contre la réforme des retraites.Plus anciennement, 1995 est également une date marquante pour les cheminots, qui s'étaient joints au mouvement de grève générale contre la réforme des retraites et le projet de révision du statut de la SNCF annoncé par le gouvernement Juppé. Au total, 1.054.920 journées avaient été perdues pour la SNCF et les 181.114 agents avaient cessé de travailler pendant 5,82 jours en moyenne
Bien évidemment, le syndicalisme est l'une des grandes composantes des mouvements sociaux et de la culture cheminote. «Les cheminots ont commencé à s'organiser syndicalement à la fin du 19e siècle en se dotant rapidement d'organisations importantes. Ils ont d'ailleurs été partie prenante de la création de la CGT», raconte l'historien Michel Pigenet. «Il y a une corrélation très forte entre présence syndicale et expression de revendication. Et le niveau de syndicalisation des cheminots est bien plus fort qu'ailleurs, ça il n'y aucun doute», précise-t-il. Depuis 2006, d'après les chiffres de la Société nationale des chemins de fer français, c'est le syndicat SUD qui est le plus mobilisé avec 146 appels à la grève. Suivent la CGT avec 118 mobilisations, la CFDT avec 53, puis l'UNSA avec 39 et FO avec 32 appels.
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