Alors que le grand débat national clôture le 15 mars, le président du groupe LRM à l’Assemblée nationale appelle, dans une tribune au « Monde », à poursuivre la dynamique du dialogue au-delà du quinquennat et à la mise en place d’un « contrat de refondation » avec les citoyens.
Tribune. L’histoire retiendra qu’en cet hiver 2019 les Français auront donné mandat à Emmanuel Macron et à notre majorité de refonder la République. En 2017, nous avions été élus pour transformer la France. La crise des « gilets jaunes » et le grand débat national nous invitent à porter l’ambition plus haut. Le moment approche de la restitution de cette consultation inédite, voulue par le président et plébiscitée par nos concitoyens. Viendra ensuite le temps des décisions. Mais nous pouvons déjà tirer deux enseignements. Notre pays est dans une situation encore plus critique que ne l’indiquait le diagnostic des dernières campagnes électorales. Et la refondation qu’il attend doit être à l’image de la colère qu’il exprime : radicale.
La France des ronds-points est exténuée par quarante ans de crise déniée par ses élites. Restés longtemps sans mot dire, les Français ne se résignent plus. La défiance qu’ils manifestent se nourrit d’une absence de sens, aggravée d’un déficit de considération. Le repli sur soi, la soif de protection au mépris du collectif, l’enfermement consumériste, le narcissisme virtuel ont achevé de transformer le phénomène d’origine économique et sociale en une crise morale et existentielle. Avant qu’il ne finisse en apocalypse politique ? Empêcher cette ultime station : telle est la mission qui nous incombe.
La transformation de notre économie doit se poursuivre pour corriger ses retards sur celles des autres pays. Notre combat pour l’emploi reste la mère de toutes les batailles. Y compris celle du pouvoir d’achat, qui a déclenché le mouvement des « gilets jaunes ». Aucun espoir de voir les salaires augmenter et les prestations assurer leur rôle redistributif avec une activité atone. Ni aucune chance de croissance forte et durable dans l’incapacité où nous étions de fournir aux entreprises les moyens d’investir et les qualifications qui leur font défaut. Les Français s’impatientent ? Leur faire croire qu’il est des raccourcis magiques vers le redressement relève pourtant de mensonges dont ils ne veulent plus.
Un contrat passé avec le pays
Mais réparer, réformer, transformer ne suffit plus. Il nous faut refonder la République. La refondation est un contrat passé avec le pays. Nous assumerons devant les Français que la refondation dépasse l’horizon du quinquennat, même si l’inversion de la spirale de la défiance en cercle de la confiance interviendra dès que les termes du contrat auront été posés. Le contrat doit combiner un certain nombre de chantiers, qu’aucun pouvoir n’a jamais eu le courage d’inscrire dans le temps long, avec une méthode de gouvernement repensée, même au regard de notre propre pratique. La refondation, c’est aussi la nôtre !
Lire la suite : Gilles Le Gendre : « La refondation de la République doit être radicale »
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