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L’exécutif n’est pas assuré de pouvoir maintenir la sécurité et l’ordre en cas de quatrième week-end de mobilisation, estime l’éditorialiste au « Monde » Françoise Fressoz, au soir d’une journée d’émeutes dans Paris, samedi.

Chronique. Cette fois, il est urgent d’en sortir et vite. Les scènes d’émeutes qui se sont déroulées samedi 1er décembre dans les rues de la capitale, en marge de la manifestation des « gilets jaunes », le nombre important de blessés – près de 100 dont un, parmi les manifestants, en urgence absolue –, les exactions commises contre l’Arc de triomphe, l’un des symboles de la République, ont fait entrer le conflit qui agite le pays depuis trois semaines dans une autre dimension.

Jusqu’à présent, l’exécutif était confronté à l’impossibilité d’établir le dialogue avec un mouvement spontané, radicalisé, qui peine à faire émerger des représentants capables de porter et de défendre un cahier de revendications précises. A présent, il se trouve confronté à la question du maintien de l’ordre public. Cette prérogative ô combien régalienne a été mise à mal lors de la troisième journée de mobilisation des « gilets jaunes ».

A Paris, les forces de l’ordre sont apparues à la remorque de casseurs extrêmement mobiles et dans l’incapacité de protéger des lieux aussi symboliques que la place de l’Etoile, où brille la flamme du soldat inconnu.

Les explications du ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, sur TF1, samedi soir, n’ont guère été rassurantes. On en retient que les forces de l’ordre ont été confrontées à des « professionnels du désordre », que pour sécuriser l’Arc de triomphe, il aurait fallu déployer d’autres hommes qui étaient mobilisés en province, que les forces de l’ordre sont sur les dents depuis quinze jours, qu’elles sont fatiguées.

« Climat insurrectionnel »

On comprend en filigrane que le gouvernement n’est pas totalement assuré de pouvoir maintenir la sécurité et l’ordre si jamais les « gilets jaunes » annoncent un quatrième week-end de mobilisation. Côté policier, le syndicat Alliance (majoritaire, classé à droite) l’affirme sans ambages : « On est dans un climat insurrectionnel. »

Du coup, c’est le branle-bas de combat au sein de l’exécutif. Le premier ministre, Edouard Philippe, annule son déplacement en Pologne, où il devait assister, lundi, au sommet sur le climat – tout un symbole –, tandis que le président de la République, de retour d’Argentine, convoque une réunion à l’Elysée ce dimanche qui rassemblera, autour du tandem exécutif, le ministre de l’intérieur et les services compétents.


Lire la suite : « Gilets jaunes » : « La question n’est plus la crise écologique. Elle est de sortir au plus vite de la violence »


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