Le mythique fabricant de guitares Gibson vient d'avoir recours au célèbre "Chapter 11" de la loi américaine, et donc de se déclarer en cessation de paiement. Si l'entreprise devrait pouvoir poursuivre ses activités après restructuration, on sait déjà qu'elle entend se séparer de sa division Innovations, via laquelle elle possède Teac et les activités audio de Philips, ainsi que des parts importantes d'Onkyo et Pioneer.
Les difficultés financières du groupe Gibson Brands n'ont rien de nouveau. En 2010, le fabricant avait fait le pari de la diversification, en lançant sa division Gibson Innovations, spécialisée dans l'électronique grand public. C'est via cette filiale que Gibson possède maintenant les marques Philips (pour les produits audio grand public seulement) et Teac, ainsi que 16,5 % du groupe Onkyo — lui-même détenteur de la partie grand public de Pioneer. Un pari qui n'a pas été remporté, loin de là : la filiale est finalement devenue un gouffre financier, et c'est précisément elle qui est aujourd'hui responsable des difficultés pécuniaires de Gibson.
La Les Paul n'est pas la seule guitare légendaire fabriquée par Gibson : son catalogue comprend aussi par exemple la Flying V, jouée ici par Jimi Hendrix.
Très courante aux États-Unis, la faillite décrite par le chapitre 11 du titre 11 de la loi américaine n'est pas du tout synonyme d'arrêt d'activité ; elle permet simplement à une entreprise de se déclarer temporairement en cessation de paiement, le temps de se restructurer et de reconstituer sa trésorerie — elle est donc, dans les grandes lignes, équivalente à la "procédure de sauvegarde" de la loi française. De fait, l'avenir de Gibson en tant que fabricant de guitares n'est aucunement menacé, puisque cette activité est encore largement bénéficiaire pour le groupe. En revanche et de façon fort logique, on sait déjà que la filiale Innovations sera l'une des toutes premières victimes de la restructuration.
Ce sont donc des moments de grande incertitude qui s'annoncent pour les marques Philips, Teac, Onkyo et Pioneer. Que leur réserve l'avenir ? Impossible à cette heure d'apporter une réponse précise à cette question. Risquent-elles de disparaître ? Peu probable : on imagine mal des marques aussi réputées et connues du grand public que celles-ci s'évanouir sans trouver de repreneur — et la question ne se pose même pas vraiment s'agissant d'Onkyo et Pioneer, dont Gibson n'était pas actionnaire majoritaire. Et comme un heureux hasard sans doute pas tout à fait hasardeux, le chinois TCL annonçait précisément le 11 avril dernier avoir obtenu l'autorisation auprès d'Onkyo Corporation d'utiliser la marque Onkyo sur tous les territoires mondiaux à l'exception du Japon. De là à penser qu'il soit prêt à prendre la place de Gibson dans l'actionnariat, il n'y a qu'un pas.
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