Après huit ans d'une crise financière qui faillit entraîner dans son sillage toute la zone euro, la Grèce achève, lundi, son troisième et dernier programme d'aide. La question de la dette, elle, n'est pas réglée.
Ce lundi 21 août s'achève le dernier des plans d'aide qui régissent la Grèce depuis 2010. Le pays est en meilleure santé économique bien que marqué par huit ans d'austérité.
Après le Portugal, l'Irlande, l'Espagne et Chypre, la Grèce était le dernier pays de la zone euro encore sous programme d'assistance depuis la crise. En trois plans successifs (2010, 2012 et 2015) elle aura reçu 289 milliards d'euros de prêts.
Un retour de la croissance
En 2017, la Grèce a retrouvé le chemin de la croissance, avec une progression de 1,4 % et quatre trimestres consécutifs en hausse, et le chômage est redescendu sous la barre des 20%, après un pic à 27,5% en 2013. Mais depuis 2007, le pays a perdu un quart de son PIB, enchaînant neuf ans de récession ou de croissance nulle.
Les autorités européennes se sont montrées satisfaites. La "sortie de crise grecque" a été par exemple saluée par Pierre Moscovisci, Commissaire européen aux affaires économiques et financières. Celui-ci a expliqué dans un post de blog que "Tel Ulysse de retour à Ithaque, la Grèce arrive enfin à destination aujourd'hui, dix ans après le début d'une longue récession."
Il serait "arrogant de dire que tout a été bien fait", a cependant convenu Klaus Regling, directeur général du MES (mécanisme européen de stabilité) qui gère le programme actuel, dans une interview au site allemand Spiegel Online.
Pour de nombreux experts comme Theodoros Stamatiou, économiste à la banque Eurobank, les plans d'aide étaient "inévitables", dans un pays en grand retard de réformes, mais leurs contreparties ont bien trop dures.
La santé publique durement touchée
Le système de santé publique a été durablement touché. "Le système national de santé grec a été démantelé par l'application d'un ensemble de mesures imposées depuis 2010", explique la chercheuse Noelle Burgin, docteur d'Etat en sciences politiques et chargée de recherches au CNRS, dans un article sur la question. En outre, en huit années d'austérité, environ un tiers de la population de 15 à 29 ans, pour une bonne partie des personnes qualifiées, a également quitté le pays.
La Grèce, qui a réalisé en 2016 et 2017 des excédents budgétaires (hors charge de la dette) d'environ 4%, bien au-delà des exigences des créanciers, n'est pas encore tout à fait libre. Le pays a déjà dû pré-légiférer de nouvelles réformes pour 2019 et 2020 et restera sous surveillance plusieurs années.
L'épineuse question de la dette
C'est un donnant-donnant, en échange d'un aménagement de sa dette - via notamment des délais de remboursement allongés - considéré comme "substantiel" par l'agence de notation Fitch. Cette dernière vient de relever sa note de la dette grecque à "BB-". A trois petits crans du BBB- qui commence à caractériser une "bonne qualité" de crédit.
Une question demeure en suspens, celle de la dette. Celle-ci représente toujours 180% du PIB, et reste l’une des plus élevées du monde. Le FMI doute qu’elle soit « viable » sur la durée. Faute d'avoir convaincu les autres pays européens de franchement tailler dans celle-ci, le Fonds est resté en marge du troisième plan.