Des sociétés proposent des logiciels pour traquer les comportements des enfants sur le Web. Et c'est tout le rapport des parents à leurs marmots en ligne qui est questionné.
Petite polémique au cœur de l'été. En toute décontraction, Fireworld, l'éditeur de ce logiciel-espion suggère aux chalands d'"espionner discrètement" l'ordinateur de leurs enfants, de pirater leurs comptes Facebook ou Instagram, de scruter en temps réel l'activité de leur ordinateur.
"Etes-vous certain de ce que font vos adolescents tard le soir sans surveillance ? Sont-ils honnêtes avec vous sur les sites web qu'ils visitent lorsque vous n'êtes pas là ?", argumente Fireworld.
Pour vendre son logiciel, la douteuse société était allée jusqu'à le présenter comme une solution pour "savoir si mon fils est gay", à grands renforts d'arguments homophobes...
Une simple recherche sur Internet permet de trouver plusieurs autres sociétés qui proposent des logiciels similaires.
"Bonjour, est-ce que je peux installer le logiciel sur une tablette Android (de mon enfant) ?" lit-on sur le forum de Fireworld.
Et plus loin :
"Je veux contrôler les 3 PC Windows de mes enfants [...] C'est assez urgent merci."
Comme le faisait remarquer Libération, les mineurs sont soumis à l'autorité parentale, mais la Convention internationale des droits de l’enfant leur reconnaît un droit à la vie privée [PDF].
L'utilisation de ce type de logiciels pose donc une question : tout en pouvant obéir à de bonnes intentions, quelles sont les limites au contrôle des activités numériques de sa progéniture ? Quels sont les contours de la discrétion et du respect de la vie privée quand cela concerne leurs agissements en ligne ?
Sur Rue89, Xavier de La Porte se demandait déjà en mai 2016 si les enfants n'étaient pas les grands oubliés du combat de la vie privée sur les réseaux.
"A quoi sert-il de glorifier Edward Snowden si c’est pour se comporter comme la NSA avec nos enfants ?"
Mots de passe sur un carnet
Quand nous vous avions interrogé (via un questionnaire) sur la manière dont vous éduquez vos enfants aux écrans, certains d'entre vous admettaient regarder, à l'insu de leurs enfants, téléphone, mails, comptes Facebook ou Snapchat.
Plusieurs, comme Barbara, affirmaient détenir les mots de passe de tout ces comptes. La gardoise expliquait autoriser son ado de 12 ans à avoir un compte Facebook, "sous surveillance".
Condition sine qua non : que les parents aient ses identifiants. "Je voulais pouvoir y rentrer, je veux avoir la main dessus..."
Lorelei, 32 ans, deux enfants, graphiste près de Niort, a créé les adresses mails et les comptes sur les réseaux sociaux de son aînée, 10 ans. Elle connait ses mots de passe, inscrits dans un cahier.
"De temps en temps, je vais faire un tour. Pas souvent, car je ne veux pas qu'elle se sente fliquée. Je m'assure qu'elle ne regarde rien de malsain."
Les notifications de la chaîne YouTube de sa fille sont l'un de ces indicateurs.
"Elle pourra se créer ses propres comptes plus tard. A 13 ans, j'espère qu'elle aura compris ce qu'on peut faire et pas faire sur le net. Et à ce moment là, j’arrêterai."
Sa fille, qui voulait devenir youtubeuse, ne sait pas (encore) publier des vidéos seule sur sa chaîne, ce qui permet à Lorelei de les filtrer. Sur Instagram, elle lui a une fois demandé de dépublier une photo (un selfie avec le début des épaules dénudées).
"Je veux déjà qu'elle ait les bons réflexes pour plus tard."
La tablette de sa fille est verrouillée d'un mot de passe, que la mère change régulièrement, et qu'elle reprend le soir avant l'heure du coucher....
Lire la suite sur Rue89.com - Espionner son ado en ligne. Quand les parents se prennent pour la NSA