Correspondant à Moscou
La rencontre entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine s'est déroulée dans une «atmosphère de tolérance mutuelle», titre, en une, le quotidien Kommersant, résumant assez bien la tonalité de la presse russe. «Ce n'est pas hasard qu'après trois heures de discussion, les présidents se sont uniquement adressés entre eux en utilisant le pronom “il” et n'ont même affiché aucun signe de sentiments chaleureux», écrit Andreï Kolesnikov, le journaliste vedette du pool du Kremlin. Durant la conférence de presse, ils donnaient l'impression «de ne pas se remarquer et de ne pas faire attention à ce que l'autre disait», ajoute l'envoyé spécial en France. «Versailles n'est pas sorti du cadre du protocole», titre à son tour le quotidien des affaires Vedomosti, généralement critique à l'égard du Kremlin.
Pour sa part, le site d'informations Medouza, proche des milieux libéraux, n'a retenu de la rencontre, que deux aspects: la charge d'Emmanuel Macron contre Spoutnik et Russia Today, considérés comme des organes de propagande, ainsi que sa critique du traitement, par la région russe de Tchétchénie, des homosexuels. C'est le thème qu'a également choisi de mettre en une, sur son site internet, la radio Echo de Moscou, très écoutée par l'opposition russe. Directement visée, la rédactrice en chef de Russia Today, Margarita Simonian a d'ailleurs vertement répliqué: «il est décevant de voir que ce qui a débuté comme une conversation plutôt productive entre les leaders des deux pays se transforme en une nouvelle opportunité pour le président Macron de porter des accusations sans fondement contre Russia Today», a réagi la responsable dans un communiqué.
«Le point sur lesquels (les deux hommes, NDLR) étaient vraiment unis est justement ce qui est le principal devoir actuellement: la lutte contre le terrorisme», préfère retenir le quotidien gouvernemental Rossiskaya Gazeta, ce qui est justement le sujet de prédilection du Kremlin. Si les deux présidents «ont réussi au minimum à trouver des points de contact», note le journal, qui s'attarde sur le caractère historique de la relation franco-russe, Macron a néanmoins «fait comprendre que la France était étroitement liée à l'Union européenne».