Entendus dans le cadre d'une enquête pour "recel d'atteinte à la vie privée", l'ex-trader et David Koubbi ont été placés en garde à vue puis libérés le 8 juin.
L'ex-trader de la Société Générale se retrouve une nouvelle fois confronté à la justice. Selon plusieurs sources judiciaires citées par M6, Jérôme Kerviel et son avocat David Koubbi ont été placés en garde à vue le 8 juin dans les locaux de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), dans le cadre d'une procédure instruite par le Parquet de Lille, pour "recel d'atteinte à la vie privée".
L'ancien employé de la Société Générale et son conseil ont été entendus dans le cadre d'une enquête liée à une audition qui s'est déroulée l'an passé devant la Cour d'appel de Versailles. Ils sont soupçonnés d'avoir utilisé devant la justice des enregistrements audio d'une magistrate en charge du dossier.
Les propos d'une vice-procureure au coeur d'une enquête
Ces enregistrements ont été réalisés par une fonctionnaire de police en charge des investigations: ils dateraient du 15 juin 2015, lors d'un rendez-vous dans un café parisien avec la magistrate, vice-procureure au parquet de Paris pendant l'enquête sur les agissements de Jérôme Kerviel à la Société générale.
Durant cette conversation, la vice-procureure donnait du crédit à l'hypothèse d'une enquête biaisée en faveur de la banque: "vous étiez entièrement manipulée par la Société Générale", avait-elle lancé à la policière. Elle se disait convaincue que la banque ne pouvait ignorer les risques pris sur les marchés et les manoeuvres boursières frauduleuses de son ancien salarié.
La magistrate avait par la suite rectifié publiquement ces allégations. "La Société Générale n'a pas eu prise sur moi, ni sur la Brigade financière", avait-elle indiqué, avant de porter plainte pour atteinte à la vie privée.
Des enregistrements "proposés" à l'institution
" Avant de les utiliser nous avons proposé ces enregistrements à l'institution qui les a refusés, au moins maintenant, ils seront traités et ce sera peut-être la fin de cette mascarade judiciaire", explique David Koubbi à M6.
Après des années de feuilleton judiciaire, la cour d'appel de Versailles a condamné en septembre Jérôme Kerviel à verser un million d'euros de dommages et intérêts à son ancien employeur, bien loin des 4,9 milliards d'euros de sa première condamnation en 2010, quand il avait aussi écopé de cinq ans de prison, dont deux avec sursis. L'ancien trader a demandé la révision de sa condamnation. L'enregistrement avait été produit lors de l'audience à Versailles. Jérôme Kerviel et David Koubbi ont été relâchés jeudi en fin de journée.