Les autorités néerlandaises ont ouvert une enquête pour établir comment un accusé du Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie, le Croate de Bosnie Slobodan Praljak, a pu se suicider en avalant du «poison» mercredi devant les juges qui venaient de confirmer sa condamnation en appel. Le parquet de La Haye a annoncé qu'il lançait «à la demande du Tribunal Pénal pour l'ex-Yougoslavie (TPIY)» une enquête sur sa mort.
L'enquête devra avant tout établir si l'ex-chef militaire croate a reçu une aide pour commettre son suicide. «Pour le moment l'enquête va se concentrer sur la question du suicide assisté» et sur «la violation» de la réglementation sur les substances médicales, déclare le communiqué du parquet. «L'enquête venant seulement de commencer, le Parquet ne peut pas faire davantage de commentaires». La salle d'audience, théâtre du drame, est désormais une «scène de crime».
Mercredi, aussitôt après l'énoncé du verdict confirmant sa condamnation à 20 ans de prison, l'accusé de 72 ans déclare d'une voix forte: «Slobodan Praljak n'est pas un criminel de guerre, je rejette avec mépris votre verdict». Il sort alors une fiole de sa poche et avale du «poison». Immédiatement, le juge président Carmel Agius ordonne la suspension de l'audience et les rideaux entourant la salle du tribunal sont tirés. «Mon client a pris du poison ce matin», explique l'avocate de la défense, Natasa Faveau-Ivanovic. Pris en charge par une ambulance, Slobodan Praljak décède dans un hôpital de la ville, d'après l'agence Hina.
Sur le site de l'hebdomadaire Start, l'ancienne porte-parole du TPIY Florence Hartmann s'est demandé: «comment est-il possible que l'on ait pu introduire du poison dans l'enceinte du Tribunal?» Elle rappelle par ailleurs que «c'est la deuxième fois que les produits illicites sont introduits dans le Tribunal». En 2006, l'ex-chef des Serbes de Croatie, Milan Babic, 50 ans, condamné à 13 ans de prison pour des exactions commises pendant la guerre de 1991-1995 en Croatie, s'était suicidé dans le centre de détention du TPIY à La Haye. Babic était le deuxième détenu du tribunal à mettre fin à ses jours, après un autre Serbe de Croatie, Slavko Dokmanovic, en juin 1998. En 2006 également, l'ancien président serbe Slobodan Milosevic était décédé dans sa cellule. Il prenait des médicaments qui annulaient ceux qui lui étaient prescrits contre son hypertension.