En colère, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une "énorme opération de police politique" après les perquisitions qui ont eu lieu mardi 16 octobre à son domicile ainsi qu'aux sièges de La France insoumise et du Parti de gauche.
Des perquisitions ont été menées dans un climat houleux, mardi 16 octobre au matin, au siège de La France insoumise (LFI) et au domicile de son leader Jean-Luc Mélenchon dans le cadre d'enquêtes sur des emplois présumés fictifs de parlementaires européens et sur les comptes de campagne présidentielle de l'ancien candidat. Ce dernier n’a pas manqué de dénoncer une "énorme opération de police politique", le jour du remaniement ministériel.
Le parquet de Paris a annoncé mercredi avoir ouvert contre Jean-Luc Mélenchon une procédure pour violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique, notamment. Sur des images diffusées par les médias, on voit le dirigeant de la France insoumise apostropher vivement des policiers et le procureur, tandis que ses soutiens enfoncent la porte du local perquisitionné.
Interpellé par Jean-Luc Mélenchon à l'Assemblée mardi, le Premier ministre, Édouard Philippe, a défendu "l'indépendance de la justice", "qui fait qu'il n'y a aucune instruction individuelle donnée au procureur". Dans sa question, le chef de file des députés Insoumis avait dénoncé une "mise en scène", soulignant qu'il n'y avait "aucun motif d'urgence" justifiant ces perquisitions multiples.
"Il m'appartient, parce que je suis Premier ministre, parce que je suis respectueux de la loi et du texte constitutionnel, de faire prévaloir en toutes circonstances l'indépendance de la justice", a rappelé le chef du gouvernement. "Il ne m'appartient pas, monsieur le président Mélenchon, il n'appartient à aucun d'entre nous de remettre en cause le texte constitutionnel et le principe fondamental de l'indépendance de la justice (...). La justice est évidemment indépendante", a insisté Édouard Philippe, qui a dit "pouvoir comprendre" "l'émotion et la colère" du leader de LFI.
"Demain, ils trouveront une excuse pour me foutre en cabane comme Lula"
Les internautes qui suivent Jean-Luc Mélenchon sur Facebook ont été les premiers informés de la venue de policiers chez lui.
La vidéo diffusée par Jean-Luc Mélenchon
"Nous sommes perquisitionnés chez tout le monde. La secrétaire générale du groupe à l'Assemblée, mes anciens assistants qui ont vu débouler aussi les flics à 7 heures du matin, on leur prend leurs téléphones, on leur prend leurs ordinateurs. Au siège du Parti de gauche dont je suis membre, au siège du mouvement La France insoumise", fulmine Jean-Luc Mélenchon dans une vidéo filmée avec son téléphone et diffusée en direct sur le réseau social, tandis que des policiers s'affairent en arrière-plan.
"Demain, ils trouveront une excuse pour me foutre en cabane comme Lula" (l'ancien président brésilien, incarcéré, NDLR). "Ce n'est pas normal ! (...) Ce gouvernement naît dans la honte", s'insurge l'ancien candidat à la présidentielle, bien décidé à utiliser les réseaux sociaux pour dénoncer un "coup de force" en plein remaniement gouvernemental.
Un peu plus tard dans la matinée, changement de décor. Au siège de LFI, près de la gare du Nord à Paris, la scène est cette fois filmée par un journaliste de Libération. "Enfoncez la porte, camarades !", crie Jean-Luc Mélenchon à ses proches, pour tenter d'entrer dans les locaux du mouvement, où les policiers mènent leur perquisition. Pendant plusieurs minutes, le groupe fait le forcing devant des policiers impassibles.
Une porte s'ouvre finalement de l'autre côté du palier. On entend un cri : "On pousse !", et les députés Insoumis envahissent les locaux. Trois journalistes parviennent à s'introduire dans la pièce au milieu des cris, Jean-Luc Mélenchon interpelle le représentant du parquet et les policiers.
"Vous me perquisitionnez depuis quatre heures chez moi. Vous avez été prendre neuf personnes à domicile, vous envahissez deux sièges politiques. Je suis le président d'un groupe d'opposition. Vous n'avez pas à me traiter de cette manière. Je n'ai pas volé de cigarettes !"
"Nous menons des opérations de police judiciaire dans un cadre légal", répond le parquetier. Sur des images diffusées dans la soirée dans l'émission "Quotidien", Jean-Luc Mélenchon pousse le parquetier ainsi qu'un policier qui s'interpose.
Dans une autre séquence filmée au moment où les Insoumis forcent l'entrée des locaux, un policier semble plaquer au sol un membre de LFI avant de se relever. Le député Alexis Corbière hurle alors : "Vous vous calmez ! Vous l'avez étranglé." "Je suis député, moi, monsieur", en levant le doigt vers le policier.
"Résistance"
Une fois les policiers partis, les Insoumis, pour certains sous le choc, improvisent une conférence de presse dans la rue, tandis que des sympathisants appelés à la rescousse crient "Résistance".
"On m'a empêché d'assister à la procédure administrative alors que je suis le responsable légal de La France insoumise, je n'ai pas pu assister aux opérations (...). Aucun PV ne m'a été proposé à être signé", dénonce Manuel Bompard, coordinateur des campagnes de LFI.
"Un policier m'a attrapé par le cou, attrapé par le bras, m'a tiré. Ce policier, sa hiérarchie est venue en lui disant 'calme-toi'. J'ai été violenté, agressé (...). Ce qui s'est passé est inacceptable", accuse le candidat aux élections européennes, affirmant qu'il va "porter plainte au commissariat pour les coups qui (lui) ont été portés".
S'exprimant à son tour, Jean-Luc Mélenchon prend à témoin la foule et les journalistes. Derrière lui, le député Alexis Corbière, dénonçant une "agression politique intolérable", a l'air au bord des larmes.
"Nous sommes des honnêtes gens, nous ne participons à aucun trafic, nous n'avons rien à cacher !", clame Jean-Luc Mélenchon en promettant de publier toutes les factures de sa campagne.
Et, regardant la caméra, il traite le président Emmanuel Macron de "petit personnage" avant de s'en prendre à la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, rectrice à l'époque où M. Mélenchon était ministre délégué à l'Enseignement professionnel : " Belloubet (...), vous devriez avoir honte de ce que vous êtes en train de me faire. Parce que vous m'avez connu comme votre ministre, vous m'avez connu autrefois il y a longtemps comme votre ami. Ce que vous êtes en train de faire est une honte !".
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