Le navire Energy Observer a été pensé comme un véritable laboratoire flottant. Parmi ses objectifs : expérimenter diverses technologies de production d'énergie renouvelable. La dernière en date, des ailes à propulsion éolienne. Victorien Erussard, le capitaine du navire, nous en dévoile les secrets.
Energy Observer, le premier bateau électrique à hydrogèneDurant cinq ans, à partir de 2017, ce catamaran à deux moteurs électriques de 30 mètres va sillonner les océans du Globe pour une mission scientifique, propulsé uniquement par des énergies renouvelables et une voile « kite ». L’électricité sera produite par des hydrogénérateurs, deux éoliennes à axe vertical, des panneaux photovoltaïques et une pile à combustible. C’est une première mondiale pour un bateau : cette pile utilisera de l’hydrogène produit à bord par électrolyse de l’eau. Energy Observer est donc d’abord un démonstrateur technologique.
À l'occasion de son escale dans le port d'Amsterdam, le navire Energy Observer a été équipé de deux ailes à propulsion éolienne d'une surface de 31,5 mètres carrés chacune. Le montage s'est déroulé comme prévu, dans la journée. Et les premiers tests ont pu être effectués dans la soirée.
Futura : le projet initial d'Energy Observer comptait déjà sur l'énergie éolienne pour gagner son pari. En quoi les Oceanwings®, installées sur le navire le 18 avril dernier, apportent-elles quelque chose en plus ?
Victorien Erussard : le bilan énergétique prévisionnel que nous avons établi il y a 5 ans incluait effectivement une part d'éolien. Cette part, nous pensions la combler d'abord grâce à des éoliennes à axe vertical. Elles se sont révélées inefficientes à cause des traînées aérodynamiques qu'elles généraient. Nous comptions aussi sur des technologies de type cerf-volant. Celles-ci se sont avérées inadaptées. Pour atteindre malgré tout nos objectifs, nous avons dû chercher d'autres solutions. Et nous nous sommes orientés vers des ailes Oceanwings®.
Futura : en quoi consiste cette technologie ?
Victorien Erussard : il ne faut pas perdre de vue non plus qu'avec Energy Observer, notre objectif est de tester un maximum de briques technologiques. Récemment, ce sont deux ailes Oceanwings® (concept breveté par VPLP design et développé en partenariat avec le Groupe CNIM) qui ont ainsi été montées sur le bateau. Sur le papier, ces ailes ne présentent que des avantages. Pas de gréement dormant, par exemple. Finis les câbles et les cordages qui rendent les manœuvres délicates. Les Oceanwings® sont autoportées et de fait, rotatives à 360°. Leur rigidité leur offre un rendement deux fois supérieur à celui des voiles classiques. Tout est restant arisables et affalables. En mode tout ou rien. Elles peuvent être hissées ou affalées d'un geste, depuis le poste de pilotage.
Des débuts enthousiasmants
Futura : quels sont les premiers retours?
Victorien Erussard : sur le premier trajet, entre Amsterdam et Hambourg, ces ailes nous ont permis d'économiser entre 50 et 80 % d'énergie. Et ainsi, de stocker parfois jusqu'à 100 % de l'énergie solaire photovoltaïque que nous produisions. De la stocker ou de s'en servir pour produire de l’hydrogène tout en naviguant. Ces ailes, c'est une révolution !
Futura : que peut-on espérer de cette technologie à l'avenir ?
Victorien Erussard : ses ailes avaient déjà été testées, dans leur version 1.0 sur un petit trimaran en 2017. Aujourd'hui, nous évaluons, à un niveau supérieur, sur Energy Observer, leur version 2.0. Et je suis convaincu qu'une version 3.0 verra très rapidement le jour. Une version qui pourra être produite en série et s'adapter aussi bien aux besoins du yachting qu'à ceux du transport maritime.
Ce qu'il faut retenir
- Dans son tour du monde destiné à tester des technologies propres de production d’énergie, le navire Energy Observer intègre une nouvelle technologie.
- Les ailes Oceanwings® sont destinées à venir en soutien à la propulsion électrique.
- Elles devraient aussi permettre au navire de produire de l’hydrogène tout en naviguant.
- Les premiers retours sont jugés très satisfaisants.
Lire la suite : Energy Observer : grâce à ses ailes à propulsion éolienne, le navire produira plus d’hydrogène
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