Silvio Berlusconi a ouvert la voie, mercredi 9 mai au soir, à la formation du premier gouvernement « antisystème » en Italie en donnant son feu vert à un accord en ce sens entre son alliée la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 étoiles (M5S).
Les deux formations, qui disposent de la majorité au Parlement depuis les élections législatives du 4 mars, doivent cependant encore s’entendre sur un chef de gouvernement et un programme commun.
« Nous allons commencer à parler des thèmes pour le pays. Ensuite nous parlerons des noms », a assuré Luigi Di Maio, chef de file du M5S, à la presse. « Il reste à travailler sur le programme, sur les échéances, sur l’équipe et les choses à faire, a ajouté Matteo Salvini, patron de la Ligue, dans un communiqué Soit on conclut, soit on retourne voter. »
L’obstacle Berlusconi
Depuis deux mois, le vieux milliardaire qui a dirigé la droite italienne pendant vingt-cinq ans apparaissait comme le principal obstacle à un tel dialogue : pour M. Di Maio, il était le symbole de tous les maux de l’Italie et donc infréquentable, tandis que pour M. Salvini, il restait au contraire un allié précieux qu’il a toujours refusé de lâcher.
« Moi je fais un pas en arrière, Salvini fait un pas en arrière, il y a encore quelqu’un qui doit faire un pas en arrière », avait insisté M. Di Maio, alors que lui, comme M. Salvini, ont tous deux renoncé à diriger eux-mêmes le gouvernement.
Dans un communiqué, mercredi soir, M. Berlusconi a répété que les élus de son parti Forza Italia (FI) ne voteraient jamais la confiance à un gouvernement du M5S, jugeant qu’il n’avait « pas la maturité politique pour assumer cette responsabilité ». Mais « si une autre force politique de la coalition de droite veut assumer la responsabilité de former un gouvernement avec les 5 étoiles, nous prendrons acte de ce choix avec respect », a-t-il assuré.
Discussions en cours
Et la victoire est totale pour M. Salvini puisque son vieil allié assure qu’un tel choix « ne marquera pas la fin de l’alliance » entre FI et la Ligue, en particulier dans les régions qu’ils dirigent ensemble, dans le nord du pays.
Après plus de deux mois de discussions infructueuses entre les diverses forces politiques, le président Sergio Mattarella s’était prononcé lundi en faveur d’un gouvernement « neutre » chargé de gérer le pays jusqu’en décembre, avant de nouvelles élections début 2019.
Il devait présenter, mercredi après-midi, la personnalité choisie pour diriger cette équipe, tandis que la presse se perdait en conjectures sur la date des prochaines élections en cas de rejet au Parlement de ce gouvernement technique : en pleines vacances de juillet, ou à l’automne au risque de ne pas pouvoiradopter de budget 2019 ?
A la mi-journée, le palais présidentiel a toutefois annoncé que la Ligue et le M5S, fermement opposés à l’idée d’un gouvernement technique, avaient demandé un délai de 24 heures pour pousser leurs discussions en cours sur un possible accord de gouvernement.