Jamais une attaque n'avait fait autant de victimes dans l'histoire récente de l'Égypte. Vendredi, une vingtaine d'hommes armés ont fait sauter une bombe en pleine prière hebdomadaire dans une mosquée de Bir al-Abed, un village proche d'Al-Arich, la principale ville du nord du pays. Selon un communiqué publié samedi par le parquet général, les assaillants brandissaient un drapeau du groupe djihadiste État islamique et étaient au nombre de 25 à 30.
D'après des témoins, les assaillants, arrivés à bord de quatre jeeps, se sont positionnés près du lieu de culte afin de fusiller les fidèles qui fuyaient la mosquée. Ils ont également mis le feu aux véhicules de ces derniers. Bilan provisoire: au moins 305 morts et 128 blessés, d'après la télévision d'État. Parmi les victimes, on compte notamment de nombreux conscrits de l'armée.
Suite à cette attaque, qui n'a pas été revendiquée, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a promis une réponse «brutale», après un conseil des ministres convoqué pour l'occasion. «Les forces armées et la police vengeront nos martyrs et ramèneront la sécurité et la stabilité avec force très prochainement», a-t-il déclaré lors d'un discours télévisé très ferme. L'armée de l'air «a détruit plusieurs véhicules utilisés dans l'attaque» et «ciblé plusieurs foyers terroristes contenant des armes et des munitions», a annoncé dans la soirée le porte-parole de l'armée, Tamer el-Refaï.
Le passage frontalier entre l'Égypte et la bande de Gaza qui devait rouvrir samedi restera fermé jusqu'à nouvel ordre a indiqué vendredi à l'AFP un responsable palestinien.
Trois jours de deuil national ont été décrétés. L'Église copte orthodoxe a condamné l'attaque: «Nous prions Dieu pour que l'Égypte soit préservée après cet acte brutal de terrorisme sans précédent», a-t-elle déclaré par le biais d'un porte-parole.
La télévision publique a montré les images de nombreux corps recouverts de couvertures à l'intérieur de la mosquée al-Raoudah, comble pour les prières du vendredi. «Ils tiraient sur les fidèles fuyant la mosquée. Ils tiraient aussi sur les ambulances», a déclaré un habitant dont plusieurs proches ont été témoins de la fusillade. En fin d'après-midi, les hôpitaux et les secouristes continuaient de s'activer pour porter secours aux blessés, selon des images de la télévision égyptienne.
La chaîne d'information panarabe Al-Arabia et plusieurs sources locales ont déclaré que certains des fidèles étaient des musulmans soufis, considérés par l'État islamique et d'autres groupes islamistes radicaux comme des apostats. Une information confirmée par le chef d'un groupe bédouin, contacté par l'AFP.
Depuis 2013 et la destitution par l'armée du président islamiste élu Mohamed Morsi, l'Égypte est le théâtre d'attaques et d'attentats menés par des groupes islamistes contre les forces de sécurité égyptiennes dans plusieurs régions du pays. Le nord du Sinaï est particulièrement touché, la branche de l'État islamique (EI) y étant particulièrement active. De nombreux policiers et soldats ainsi que des civils, notamment des chrétiens et des soufis, ont été tués dans ces attaques.
La précédente attaque la plus meurtrière en Egypte remonte à octobre 2015, lorsqu'un attentat à la bombe revendiqué par la branche égyptienne de l'EI avait coûté la vie aux 224 occupants d'un avion russe après son décollage de Charm el-Cheikh, station balnéaire du Sinaï
Lire la suite : Égypte : carnage dans une mosquée du Sinaï, 305 morts dont 27 enfants - Le Figaro