Il est des territoires sur lesquels l'agriculture souffre plus qu'ailleurs. Celui de la Communauté d'agglomération Var Estérel Méditerranée (Cavem) en fait partie. Pourtant la nature semble avoir tout réuni là pour permettre une agriculture de qualité. Mais, inondations et urbanisation ont fragilisé l'activité. Les friches se développent, les utilisations illégales aussi. C'est pourquoi la collectivité et les agriculteurs ont choisi de prendre leur avenir en main. Se basant sur les préceptes de l'économie circulaire, ils misent aujourd'hui sur le circuit court - matérialisé par un Drive fermier - pour dynamiser le secteur.
Dans le monde, le secteur agricole, qui a pourtant la vocation noble de nourrir les populations, est aujourd'hui régulièrement pointé du doigt, car considéré, entre autres, comme responsable d'un quart des émissions de gaz à effet de serre et de presque trois quarts des consommations d'eau. En France, il connaît en outre une terrible crise économique et d'image et subit un agribashing de plus en plus préoccupant, signe d'une déconnexion entre les contraintes du monde agricole et les préoccupations des consommateurs. Et certains agriculteurs voient désormais dans les préceptes de l'économie circulaire une belle manière de redorer leur blason en réduisant leur impact sur l'environnement et en renouant des liens avec les consommateurs tout en se garantissant un revenu décent.
Le saviez-vous ?
Sur le territoire de la Communauté d’agglomération Var Estérel Méditerranée (Cavem), tout est réuni pour une agriculture de qualité : sur 3.000 ha et 2 vallées – dont la basse vallée de l’Argens, 2e plaine la plus fertile d’Europe –, ce territoire profite de conditions climatiques et pédologiques idéales et est bien desservi par le canal de Provence.
Jusqu’aux années 1970, il était spécialisé dans trois domaines : viticulture, arboriculture – notamment les pêches – et culture de fleurs en pépinières.
Le maraîchage y est encore bien présent, ainsi que la viticulture qui profite d’une montée en gamme et d’une notoriété croissante.
Du côté de la Communauté d'agglomération Var Estérel Méditerranée (Cavem) - le territoire sur lequel sont implantés les bureaux de Futura -, c'est le pari du circuit court qui a été fait avec le lancement d'un projet de Drive fermier. Ces objectifs sont nombreux : relocaliser l'alimentation, optimiser les déplacements et limiter la pollution, répondre aux attentes des consommateurs, préserver l'attractivité et les paysages du territoire ainsi que la diversité de la production et réinstaller de jeunes agriculteurs. Et finalement, ce projet s'inscrit dans un programme plus vaste destiné à relancer la filière dans la région.
Un point de vente directe devrait ainsi ouvrir ses portes début 2021. Et il sera particulièrement facile d'accès puisque situé le long de la RDN7, entre Fréjus et Draguignan, sur un axe qui voit passer quelque 40.000 véhicules par jour. Autre aspect important : le point de vente sera géré par les agriculteurs locaux. De quoi leur permettre de proposer des démonstrations ou des dégustations et ainsi d'entrer en contact avec des consommateurs qui ne demandent que ça.
En parallèle au projet de Drive fermier à proprement parler, la Communauté d’agglomération Var Estérel Méditerranée (Cavem) entend promouvoir auprès des restaurateurs du territoire, l’utilisation des produits locaux. © Viacheslav, Abode Stock
Un projet bien plus vaste pour relancer la filière
Deux modes de consommation devraient être proposés aux clients. De la vente classique pour ceux qui désirent faire halte au point de vente. Mais aussi des commandes en ligne à récupérer sur place sur le modèle des drives qui fonctionnent depuis quelque temps dans les supermarchés. D'où le qualificatif de Drive fermier.
« Derrière ce projet, il y a une réelle volonté de construction d'un territoire agricole durable et résilient », précise Cécilia Liefooghe, chargé de missions Agriculture à la Cavem. « Le Drive fermier nous permettra de sécuriser les ventes à des coûts intéressants tant pour les producteurs que pour les consommateurs. Nous prévoyons même la mise en place d'un atelier de transformation destiné à traiter les productions excessives évitant ainsi leur gaspillage. Ainsi en été, melons et tomates pourraient être transformés en soupes ou en confitures »
Mais le programme engagé par la Cavem va plus loin. Il prévoit ainsi la création de vergers expérimentaux destinés à permettre la réimplantation de productions adaptées au territoire, comme la cerise ou l'abricot. Il prépare aussi la mise en place de zones agricoles protégées qui aideront à préserver le foncier agricole. « C'est là un message direct à ceux qui laissent leurs terrains en friche dans l'espoir de pouvoir les vendre plus tard à des promoteurs. Nous certifions aujourd'hui que ces terrains resteront à visée agricole et nous espérons que cela encouragera les propriétaires à faire exploiter à nouveau leurs terres », explique Cécilia Liefooghe. Et dans le même ordre d'idée, la création de hameaux agricoles, des terres achetées par la collectivité et proposées à la location à des agriculteurs afin d'éviter qu'elles ne soient revendues à d'autres fins. Un ensemble de mesures qui toutes, tiennent une place de choix dans la logique d'une économie circulaire
- En s’appuyant sur les principes de l’économie circulaire, l’agriculture peut diminuer son empreinte environnementale tout en se rapprochant des consommateurs et en assurant des revenus décents à ceux qui veulent en vivre.
- Sur son territoire, la Communauté d’agglomération Var Estérel Méditerranée (Cavem) a lancé un projet de Drive fermier.
- Un circuit court qui donnera accès aux consommateurs à des produits locaux et qui sécurisera les ventes pour les agriculteurs.