Boulogne-Billancourt (AFP) - Le groupe Renault, soupçonné par la justice de tromperie sur les émissions de moteurs diesel, prend ce sujet au "sérieux" mais ne passe pas en l'état de provisions dans ses comptes pour faire face aux éventuelles conséquences financières de l'affaire, a indiqué mardi son directeur commercial.
"Il n'y a pas de raisons de faire des provisions sur le diesel", a déclaré Thierry Koskas, interrogé lors d'une conférence de presse consacrée aux résultats commerciaux du groupe, au siège de l'entreprise à Boulogne-Billancourt (sud-ouest de Paris).
"Evidemment, nous prenons ce sujet avec le plus grand sérieux et la plus grande attention. Je répète que les voitures de marque Renault et Dacia respectent la réglementation, n'ont pas de logiciel tricheur, et donc nous sommes complètement confiants par rapport à cette affaire", a assuré M. Koskas.
Le parquet de Paris a ordonné le 12 janvier l'ouverture d'une information judiciaire pour "tromperie sur les qualités substantielles et les contrôles effectués", ajoutant comme circonstance aggravante que "les faits ont eu pour conséquence de rendre la marchandise dangereuse pour la santé de l'homme ou de l'animal".
Le groupe au losange est le second constructeur automobile à devoir s'expliquer devant la justice française: une information judiciaire visant Volkswagen, qui a reconnu en septembre 2015 avoir équipé onze millions de ses véhicules diesel à travers le monde d'un logiciel destiné à tromper les contrôles anti-pollution, a été ouverte en février 2016 pour "tromperie aggravée".
L'information judiciaire visant Renault fait suite à une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), alimentée en partie par les conclusions de la commission d'experts indépendants mise en place en octobre 2015 par la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, après le scandale Volkswagen.
L'annonce de l'enquête judiciaire visant le groupe français intervient deux jours après une nouvelle étape cruciale dans le scandale déclenché par Volkswagen.
La semaine dernière, le constructeur allemand a plaidé coupable aux Etats-Unis de "conspiration" et d'"obstruction à la justice" et accepté de verser 4,3 milliards de dollars (environ 4 milliards d'euros) de pénalités, portant l'addition totale pour l'inventeur de la Coccinelle à près de 22 milliards de dollars d'indemnités pour les seuls Etats-Unis.
"Notre situation n'est pas la même que d'autres concurrents, je rappelle que Renault a produit des voitures conformes à la réglementation et qui ont toutes été homologuées", a insisté M. Koskas, dont l'entreprise a réalisé en 2015 un bénéfice net de 3 milliards d'euros sur un chiffre d'affaires de 45,3 milliards.
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