Sur le site américain, des centaines de milliers de gens discutent l’accessoire et l’essentiel. Y passer des heures redonne foi en l’humanité.
Quand j’ai le blues, la tristesse hivernale, la fatigue généralisée, j’ai deux planches de salut : le whisky d’Ecosse et le site Quora. Le premier est fantastique mais me coûte cher. Le deuxième est en accès libre et illimité, et permet autant que le premier de retrouver la foi en l’humanité.
Quora est un site où n’importe qui peut poser des questions sur n’importe quoi, et où n’importe qui peut y répondre. C’est le Wikipédia de la sagesse populaire, la corne d’abondance des bizarreries, le courrier du cœur des internautes anonymes, le coin des confidences, le grand répertoire de l’expérience humaine en ce début de 21e siècle.
C’est le meilleur de l’Internet, le site que j’aime le plus et de tout mon cœur. Et je ne suis pas la seule : un confrère de Slate lui déclarait aussi sa flamme cet été.
Une idée vieille comme le Web
La plateforme est d’une simplicité biblique : après s’être inscrit, on arrive sur une page d’accueil qui liste une dizaine de questions, parmi les plus populaires du moment. Une barre de recherches permet d’explorer le site par mots-clefs. Des liens pointent vers les questions les plus consultées. Et c’est tout. Pas de pub : pour l’instant, la plateforme n’a pas monétisé la richesse que constitue sa base de membres.
Quora a été créé en juin 2009 par deux anciens employés de Facebook. En 2011, le site comptait plus de 500 000 membres. La majorité sont Américains mais les Indiens se sont emparés de la plateforme avec enthousiasme. Selon le site Alexa, Quora est le 67e site le plus consulté aux Etats-Unis et le 127e dans le monde (un score plus qu’honorable : à titre de comparaison, le New York Times est le 106e plus consulté dans le monde).
Le site reprend une idée vieille comme l’Internet : des fils de questions-réponses ouverts à tous les membres d’une communauté, mais y ajoute les outils récents du ranking : algorithmes et mesures de popularité.
Les meilleures réponses sont à la fois sélectionnées par les utilisateurs qui les font remonter en votant pour celles qu’ils préfèrent, et par un algorithme qui inclut une centaine de facteurs.
Tout le monde peut contribuer, à condition de s’inscrire, mais le site distingue aussi des « Top Contributors », selon la fréquence et la popularité des réponses.
Des quidams et Barack Obama
Quora compte parmi ses contributeurs plusieurs célébrités : des comédiens, des entrepreneurs ou encore des personnalités politiques. Beaucoup de ces comptes sont aujourd’hui en déshérence, même si Jimmy Wales, fondateur de Wikipédia, Ashton Kutcher ou Barack Obama y postaient encore en octobre dernier...
Mais la communauté de Quora est surtout composée de milliers d’anonymes, des étudiants, des retraités, des employés, des ingénieurs et des femmes au foyer, des ados et des vieux, des danseuses et des comptables, des entrepreneurs, des profs et des pompiers.
C’est grâce à eux que Quora est si merveilleusement foutraque et si inépuisablement jamais décevant.
Leçons de vie
Autant le dire tout de suite : j’ai un tropisme pour l’expérience humaine plus que pour l’information et mon expérience de Quora reflète ces préférences (très concrètement même, puisque la plateforme sélectionne des thèmes à me montrer).
Quora est une plateforme où les gens commentent l’actualité. Au moment où j’écris cet article, les « trending topics » sont l’attentat d’Istanbul (des habitants de la ville répondent à des questions comme « qui est responsable de l’attaque ») mais aussi les sanctions américaines contre la Russie ou la mort de Carrie Fisher.
Mais ce n’est pas ça qui fait que j’aime Quora d’amour.
Ce sont toutes les autres questions « ordinaires », toutes les questions qui portent sur l’expérience humaine la plus basique qui soit : car Quora, apparemment, joue par intermittence le rôle de mère / père / grand-mère / mentor / meilleure amie pour des centaines de milliers de gens....
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