Le 23 mai 2018, la NSA s'est livrée à la suppression de toutes les données collectées dans le cadre du programme “Title V of the Foreign Intelligence Surveillance Act”, également connu sous l'acronyme FISA. Quelques mois auparavant, des analystes de la NSA avaient remarqué des irrégularités dans la collecte de données ciblées. En effet, certaines informations en provenance d'opérateurs téléphoniques n'auraient jamais dû être envoyées à l'agence de sécurité étatsunienne. Précisons illico qu'il ne s'agit pas de conversations téléphoniques ou de messages privés, mais de registres dans lesquels figurent des informations telles que la durée des communications et les identifiants des interlocuteurs.
Il faut savoir que le programme FISA a pour objectif premier de surveiller des personnes en lien avec des réseaux terroristes. Dans ce cadre, la NSA doit obtenir l'autorisation d'un juge pour collecter des données relatives à des individus surveillés. L'agence demande alors régulièrement aux opérateurs téléphoniques de lui communiquer des registres relatifs à certains de leurs clients. C'est cette dernière étape qui ne s'est pas déroulée normalement. Un dysfonctionnement du programme qui fait qu'en réalité les sociétés de téléphonie lui ont transmis les registres de nombreuses personnes non suspectées (ce qui englobe des journaux d'appels complets) de manière totalement abusive. En 2016, la NSA avait obtenu plus de 151 millions de registres téléphoniques suivant cette méthode. Un chiffre qui a même grimpé à 534 millions en 2017.
Pour beaucoup d'analystes, le FISA est un échec. Selon David Kris, expert en cybersécurité, “le fait qu'ils suppriment la totalité de leurs données montre bien que le programme est un désastre”. Un programme qui arrivera à expiration d'ici un an et qui a peu de chance d'être de nouveau validé par le Congrès américain. Dans un billet publié sur son site, la NSA affirme qu'elle préfère supprimer toutes les données, car “il serait impossible de différencier et isoler les informations valables”. De nombreux Nord-Américains potentiellement concernés se réjouissent sans doute de savoir que leurs registres téléphoniques vont être supprimés de la base de données de la NSA.
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