L'état psychologique des 32 migrants bloqués à bord du "Sea Watch" se dégrade. Les secouristes du bateau humanitaire allemand qui attend depuis 17 jours une autorisation d'accoster quelque part en Europe.
Après 17 jours d'attente en mer, au large de Malte, les 32 migrants recueillis le 22 décembre dernier en Méditerranée et leurs sauveteurs sont épuisés. Les passagers du Sea Watch, bateau humanitaire allemand, attendent que l'Europe les autorise à accoster dans un port sûr.
Certains membres de l'association témoignent sur franceinfo, mardi 8 janvier. Ils décrivent une situation de plus en plus compliquée. "C'est totalement effrayant, alerte ainsi Ambroise, l'un des sauveteurs à bord. On ne sait pas ce qu'il peut se passer, on se sent abandonnés."
32 migrants dans 30m²
Le temps devient "vraiment mauvais" prévient Frank, l'un des médecins à bord. Le bateau a déjà essuyé plusieurs tempêtes et pour s'abriter du vent, les 32 migrants - parmi lesquels quatre femmes et trois enfants de un, six et sept ans - doivent s'entasser dans un espace de 30m², raconte Hugo, un infirmier du bateau. "Les trois quarts des personnes ont le mal de mer. On fait de notre mieux pour couper le vent et le froid mais aucune des conditions nécessaires, de base, d'hygiène, ne sont réunies. Pour des personnes traumatisées, ce ne sont pas des conditions parfaites pour décompenser."
"Des personnes se disent prêtes à se jeter à l'eau" raconte l'infirmier. Un des migrants est passé à l'acte. Désepéré, il a tenté de rejoindre la côte maltaise à la nage mais a pu être sauvé.
Désormais, certains migrants sont tellement affaiblis, leur état psychologique se détériore à tel point qu'ils n'arrivent plus à s'alimenter, prévient encore Sea Watch.
Malte et l'Italie refusent d'accueillir le bateau
Une situation alarmante au point que le pape François a lancé, dimanche, un "appel pressant" auprès des dirigeants européens pour qu'ils accueillent enfin ces migrants ballottés en Méditerranée depuis plus de deux semaines. Quelques pays européens dont la France se sont depuis dit prêts à participer à l'accueil des migrants, mais l'Italie et Malte ont encore confirmé, dans la foulée, qu'elles n'avaient aucune intention d'autoriser le navire à accoster.
"En Italie, plus personne n'arrive. C'est la ligne et elle ne changera pas", a ainsi affirmé le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, également patron de la Ligue (extrême droite). "Les ports italiens sont et resteront fermés." De son côté, le Premier ministre maltais Joseph Muscat a expliqué ne pas vouloir créer de "précédent" en autorisant ces migrants à débarquer. "Nous devons trouver un équilibre entre l'aspect humain et la sécurité nationale", a-t-il fait valoir.
La petite île de Malte, située au milieu de la Méditerrannée non loin des côtes libyennes et peuplée de 450 000 habitants, redoute, si elle ouvre ses ports, de devenir la principale porte d'entrée des migrants en Europe. "C'est quelque chose qui pourrait créer un précédent et nous devons être vigilants là-dessus", a expliqué le Premier ministre. Malte avait déjà refusé de laisser accoster
l'Aquarius, cet été. Avant, finalement, d'autoriser le navire de SOS Méditerranée entrer au port.
Lire la suite : "Des migrants sont prêts à se jeter à l'eau", alertent les secouristes du "Sea Watch", ballottés en Méditerranée depuis 17 jours
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