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Plus de 10 000 personnes ont manifesté à Paris contre « contre les violences » des « gilets jaunes », sans pour autant rejeter leurs revendications.

Partir avant que la nuit tombe. Partir avant d’éventuelles casses. Partir vite. Il n’a fallu que quelques minutes et un seul appel au mégaphone pour que la Marche républicaine des libertés se volatilise : il n’est pas encore 17 heures, dimanche 27 janvier, et la place de la Bastille à Paris est déjà presque vide. C’est à ce moment-là que le chiffre est tombé. 10 500. Un couple de marcheurs s’arrête, se demandant s’il a bien entendu. 10 500 ? Oui, c’est bien ce que la Préfecture de police vient d’annoncer : 10 500 personnes ont défilé « contre les violences » des « gilets jaunes ».

La trouille des organisateurs – les « foulards rouges » – était là, avant que le cortège démarre : « Etre moins de 10 000 et se ridiculiser. »Vont-ils mettre en doute le bilan de la police, régulièrement suspectée de minorer les chiffres ? « Certainement pas, s’écrie Corinne Chabert, une des porte-parole. On a justement manifesté pour ça : ne pas contester tout ce qui se fait dans la République. »

Etrange marche que celle-là, cheminant de la Nation à la Bastille à une allure de promenade sous une averse têtue, piquée de drapeaux français – ou quelquefois européens –, avec des pancartes, rares et polies, commençant généralement par « non ». « Non à la pensée unique des “gilets jaunes” », a écrit un monsieur en casquette de tweed. Un autre sous un chapeau de feutre : « Non aux populismes ». Les plus osées : « Non à la chienlit » ou « Non à la peste jaune ». Ceux-là se font d’ailleurs rabrouer. « On avait dit ni insultes ni débordements. Il faut être exemplaire. » De temps en temps, on scande quelques slogans minimalistes comme « Démocratie ! »« Le peuple, c’est nous aussi » ou « Merci la police ». Suit parfois une Marseillaise. Plus souvent, le silence.

Des petits groupes se forment, au hasard du cortège. A certains moments, on pourrait se croire sur un rond-point. C’est la première surprise. Dans les rangs, la plupart trouvent que les « gilets jaunes » ont bien fait de bouger. « Ça faisait des années qu’on ne nous entendait pas », dit une jeune femme en fauteuil roulant. Elle se présente : « Une Gauloise réfractaire venue de Normandie. »


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