« Bob l’éponge », « Les Simpsons », « Game of Thrones »... Les parodies pornos se multiplient. Même les mèmes de 4chan y ont droit. Cet été, le phénomène « Pokémon Go » a accouché de nombreuses parodies comme « Baisez les toutes ! » de Jacquie et Michel et son Sachatte à la recherche de Pikaboobs dans les buissons des Buttes-Chaumont. Ou le studio Brazzers avec « Pornstar Go » qui met en scène un nerd capturant des porn stars à l’aide de boules de geisha.
Des parodies qui semblent beaucoup amuser les internautes, comme le prouve leur succès sur les réseaux sociaux et le forum Reddit. Pour comprendre ce curieux phénomène à la frontière entre culture LOL et porn culture, nous avons interviewé Clément Arbrun, auteur pour Rockyrama et journaliste au Tag Parfait.
« Les Simpson », « Bob l’éponge », « Pokémon Go », tous ont droit à leur parodie porno. Qu’en pensez-vous ? Que valent-elles sur le plan pornographique ?
Ces trois exemples sont intéressants. « Pokémon Go », car il y est question de réalité augmentée, et que cela renvoie aux révolutions technologiques comme le porno en réalité virtuelle. D’ailleurs, le succès de « Pokémon Go » nous invite à observer comment un même concept peut être différemment exploité : « Poke A Ho » sera un film en réalité virtuelle, contrairement au « Pornstar Go » de Brazzers. L’atout de ces parodies, c’est qu’elles misent davantage sur le « what the fuck » que sur le « fucking ».
Les images hallucinantes de la parodie de « Bob l’éponge » prolongent le non-sens corrosif qui caractérisait déjà l’univers infantile du dessin animé, tout comme « Simpson XXX » joue du détournement, du recul référentiel et du second degré.
La pertinence des choix de casting m’intéresse plus que le fap. Par exemple, les prudes les plus fanatiques voient en « Bob l’éponge » la célébration de l’homosexualité, et le réalisateur Lee Roy Myers s’en amuse en employant Skin Diamond, vedette sulfureuse du lesbian porn. Dans « Bob l’éponge », le corps-cartoon est malaxé comme jamais, et l’actrice s’en fait l’écho puisqu’elle est estimée pour ses prestations BDSM extrêmes.
La parodie démontre régulièrement la relation que la porn culture entretient avec la pop culture, ce que l’une raconte sur l’autre. Les parodies, officielles ou « faites maison », de « Pokémon Go », conjuguent ainsi fellations expertes et garde-robe de cosplay taillée pour la Japan Expo. A peu de choses de près, si tu retires le nom « Pokémon », tu obtiens avec ce mix fetish une vidéo de l’amatrice Kawaii Girl, valeur sûre de Pornhub. La vraie valeur porn est à chercher là.
Ces parodies, au-delà de l’amusement et de la curiosité qu’elles suscitent, ont-elles trouvé leur public ? J’entends par là des gens qui ne se contentent pas du trailer visionné sur YouTube mais qui paieront pour voir le film complet ?
Un petit tour du côté de chez AVN.com [l’équivalent de l’hebdo Le Film Français pour les professionnels du X, ndlr]) permet de constater que « Supergirl XXX » est en tête des téléchargements VOD. Le succès commercial de ces parodies leur permet de perdurer depuis 2009.
On retrouve là le schéma promotionnel inhérent aux productions The Asylum [NDLR : société de production spécialisée dans les mockbusters, des plagiats de blockbusters], à savoir une médiatisation large émergeant des communautés de forumeurs, des sites généralistes.
Ces productions comiques parient sur la dynamique propre au mème, c’est-à-dire surpasser l’idée de culture pour connaisseurs et devenir virales. On trouvera les teasers de ces parodies sur YouTube, des extraits sur Pornhub et Youporn - quand les films ne finissent pas par être intégralement mis en ligne.
Si l’on en croit Pornhub, la sortie dans les multiplexes d’une grosse machine – comme « Captain America » ou « Batman V Superman » – intensifie aussitôt le pourcentage de requêtes relatives à ladite machine. En août, la sortie de « Suicide Squad » aurait permis une augmentation de 1 072% du taux de recherches sur Pornhub connotées « comics » - les mots clés « Harley Quinn » en tête de liste.
En cinq jours seulement le tag « Pokémon » aurait vu sa notoriété augmenter de 136% sur Pornhub, suite au phénomène Pokémon Go ; l’optique de la déformation obscène serait un réflexe naturel de fappeur...
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